Pas de commémoration cette année, à l'occasion du 31ème anniversaire de la disparition de l'écrivain algérien d'expression française, Malek Haddad. Trépassé des suites d'une foudroyante maladie, le 02 juin 1978, l'auteur du " Quai aux fleurs ne répond plus" n'aura pas eu comme par le passé ses posthumes hommages.Ecrivain encore peu connu, quoique ses ouvrages soient enseignés dans les universités algériennes de lettres, on se rappelle que l'an dernier et à l'occasion du 30ème anniversaire de son décès, la boite d'édition Média Plus, avait entrepris une action des plus honorables : rééditer trois des ouvrages du défunt à savoir " L'élève et la leçon ", " Je t'offrirai une gazelle ", " Le Quai aux fleurs ne répond plus ". Comment classer Malek Haddad du point de vue littéraire ? Beaucoup pensent que l'écrivain est avant tout un poète, mais écrire des vers signifie t-il qu'on est poète ? En tout cas le contexte dans lequel avait vécu cet écrivain notamment en France, c'était celui de l'après guerre, un moment charnière qui a vu l'émergence de nombreux intellectuels de gauche, comme Boris Vian, Lanzmann, Albert Camus, Sartre, …..Une profusion littéraire donc à cette époque où l'acte d'écriture lui-même était en soi un acte d'engagement. Malek Haddad se trouvait en France autour des années 50, son pays l'Algérie était en guerre, il rencontre un poète et écrivain de gauche, Louis Aragon. Cette rencontre sera décisive, pour sa carrière littéraire ou mieux encore ses écrits qui sont principalement des actes qui vont dans le sens de la libération des opprimés et de la dénonciation des politiques coloniales en vogue dans les pays d'Afrique. Ces romans traduisent à la fois et le contexte colonial de l'époque, et l'exil intérieur des hommes qui comme Malek Haddad " parlent et écrivent dans la langue de l'ennemi ". Malek Haddad fut l'alter ego de Kateb Yacine avec lequel il a partagé le pain noir dans cet l'exil en Camargue où les deux hommes travaillaient en 1954 comme ouvriers agricoles. Quoiqu'il furent compères, les deux écrivains avaient des opinions différentes par rapport à la langue française, puisque l'auteur de Nedjma disait que le français était un acquis, mieux, " Un butin de guerre " qui aurait permis à l'algérien de dire sa hantise du colon dans la langue de ce dernier, alors que Malek Haddad était déchiré par le fait d'écrire dans une langue que sa grand-mère ne pouvait lire. Cette question se fait d'autant plus aiguë, lorsqu'il écrit dans " Les zéros tournent en rond " (essai) : " Voilà presque 30 ans ou plus que de notre première ardoise remise à la correction de notre institutrice à nos manuscrits remis à nos éditeurs, nous écrivons le français, nous étudions le français et nous diffusons par le truchement de la langue française notre pensée" Mal à l'aise donc dans cette langue qu'il conçoit sans doute comme une prolifération d'une idéologie colonialiste. Hormis les thèmes actuels de la guerre et de son absurdité, la plupart des œuvres de Malek Haddad traduisent son déchirement entre sa terre natale du Maghreb, et sa terre d'adoption, l'Occident. Comme Driss Chraibi et certains des écrivains créoles, l'auteur de, " Le malheur en danger " (poésie, 1956), est obsédé par cette quête identitaire qui devait tout comme la négritude être pleinement assumée. Rejeton d'un instituteur, Malek Haddad qui a eu à faire un bref passage dans la chose didactique est natif de la ville de Constantine. En 1954, il abandonne ses études à la faculté de droit d'Aix-en-Provence, pour travailler en Camargue. Pendant la Guerre de libération, Malek Haddad collabore à plusieurs revues parmi lesquelles "Entretiens", " Progrès ", "Confluents", "Les Lettres françaises". C'est entre 1958 et 1961 que l'écrivain s'adonne pleinement à l'écriture de romans. Juste après l'indépendance, Malek Haddad s'installe à Constantine et collabore à l'hebdomadaire " Atlas " et à la revue " Novembre " et dirige de 1965 à 1968 la page culturelle d'An Nasr qui paraît alors en langue française. Chargé de la direction de la Culture au ministère de l'Information de 1968 à 1972, il fonde la revue littéraire " Promesses ". Ses livres qui sont un témoignage poignant du contexte colonial de l'époque sont traduits dans quatorze langues. Par Rebouh H