Il est possible d'avoir été une sorte de "no idea man" de la politique algérienne, un "anar-pop" revisité par le trotskisme et, en même temps, de donner des leçons à l'ensemble des Algériens. Chacun de nous a donc pris sa plus belle plume pour souligner les déséquilibres et faire la morale autant à l'actuelle gouvernement qu'à ses amis. Peut-être est-ce là le énième retour de tout Algérien qui n'arrête pas de faire ses adieux à la politique comme Cheb Khaled les fait à la chanson… avant de toujours ressortir du silence qu'il s'impose, malgré lui ? Peut-être est-ce davantage une manifestation d'orgueil de la part de tout Algérien qui cherche à montrer qu'il existe toujours ? Venant de sa part, ce n'est pas une surprise, du fait d'une conjoncture mondiale exceptionnelle. Aujourd'hui, le pays se trouve dans une situation inverse. Non seulement la croissance ne surfe pas sur les deux chiffres escomptés, non seulement l'Algérie doit gérer au jour le jour les à-coups d'une crise financière qui menace de contaminer toute la sphère économique, mais en plus, le gouvernement doit mettre en œuvre des réformes structurelles qui attendent depuis plus de dix ans et dans une Algérie qui s'est appauvrie du fait de l'inflation et de la baisse du pouvoir d'achat. Certains pourraient être tentés, comme notre homme de la rue, de dire : "Encore un instant Monsieur le bourreau !" Ou bien : "Pitié, les réformes structurelles ne pressent pas lorsque la planète finance est au bord de la cataplexie. Il sera temps d'en reparler lorsque les États-Unis seront sortis de la récession. Et puis, certaines réformes coûtent cher, or jamais les marges de manœuvre n'ont été aussi faibles." Cette voix de la trahison des clercs résonne depuis des années au Parlement, dans les cabinets ministériels, et c'est ce qui fait que l'Algérie a reculé, en dix ans, de dix places au classement de la richesse produite par habitant. Il y a une autre manière de regarder l'environnement économique. C'est vrai, et les experts de l'économie l'ont enfin reconnu : 2008 sera beaucoup plus dure que prévu du fait de la crise financière. Mais pourquoi ne pas profiter de ce choc boursier, financier et économique pour accélérer les réformes structurelles dont le pays a besoin ? Pas seulement celles qui touchent à la compétitivité des entreprises, pas seulement celles qui toilettent le droit du travail, mais tout ce qui découle de la revue générale des politiques publiques. Dans son intervention d'anthologie, l'homme de la rue n'existe pas en fait, mais c'est une façon à moi de dire que nous sommes tous des analystes en puissance…Au café, les hommes débattent, en taxi, en voiture ou à table ; partout l'on passe en revue la chose politique, économique et sociale. Alors qu'à des nivaux divers, nous sommes tous un peu responsables de ce qui nous arrive. Lénine disait : "Que faire ?" Aujourd'hui, la question serait plutôt, pourquoi attendre et pourquoi faiblir ? C'est justement parce que l'environnement économique n'a jamais été aussi dégradé que le gouvernement doit accélérer le rythme des réformes. De manière à ce que les bénéfices soient visibles pour tous dès que la croissance mondiale aura touché le fond de la piscine.