Après son passage par les tamis de Bonn et Bruxelles, l'Union méditerranéenne a connu un processus de régression qui l'a réduit à une Union pour la Méditerranée. Le poisson est toujours dans l'eau et on sait qu'il y en a qui ne prennent la décision de l'acheter ou de ne pas l'acheter que sorti de l'eau. C'est en tout cas la position d Algérie. Faudrait-il approcher ce projet sous l'angle de l'évolution par correction du processus de Barcelone, d'un nouveau cadre de rapprochement, ou faudrait-il le lire à la lumière du futur traité constitutionnel européen que remettent en cause les Irlandais mais qui finira bien par être validé un jour, probablement proche ? Inévitablement, les perceptions européennes du nouveau partenariat devront prendre en compte cette échéance, et sûrement l'ont déjà prise en compte, ce qui expliquerait l'inévitable participation de l'ensemble des pays européens à ce projet. Chaque pays européen, dont la France plus particulièrement, elle qui est l'initiatrice du projet, a les mains liées par son appartenance à l'Union européenne qui la soumet à un certain nombre d'obligations. L'amiral Français Dufour disait qu'en quelque sorte, la chancelière Allemande ne voulait pas d'une France bigame, qui appartiendrait en même temps à l'UE et à l'UM cette dernière devant, à l'origine, se structurer selon le système de l'UE, à savoir une intégration économique, politique et pourquoi pas de défense. La France qui s'est toujours voulue le moteur politique de l'Union européenne, qui a des ambitions mondiales sans en avoir tous les moyens, étant une puissance moyenne, pas une trop grande ou une hyper, qui prend des initiatives, constate que son influence est en baisse, y compris dans l'espace de la Francophonie. Trois objectifs seraient poursuivis en même temps. Asseoir définitivement l'influence de la France en Europe et au delà. Se donner un marché sur la rive sud de la Méditerranée. Des experts ont calculé qu'un dollar investi au Maghreb en rapporte dix fois plus à l'Europe et qu'une augmentation du PNB par habitant du Maghreb aura de implications positives sur le PNB de l'UE. La France a seulement oublié qu'elle ne peut pas se passer de l'Allemagne qui et l'autre élément du moteur économique de l'UE et celle-ci n'a pas manqué l'occasion de le lui rappeler. Revenons au traité constitutionnel qui ne peut pas être mis entre parenthèses dans les relations futures avec tout membre de l'UE qui se donnera dans un premier temps un président et un ministre des Affaires étrangères. Pour ce qui concerne les actions extérieures de l'UE, dans la dimension stratégique des ressources, il est pris en compte l'épuisement du pétrole dans l'implication de l'organisation dans la gestion des ressources mondiales naturelles. Ceci expliquerait la mention particulière portée par le président français à la coopération énergétique, une sorte d'échange de pétrole et de gaz contre la maîtrise de la technologie nucléaire à des fins civiles. Mais, à ce niveau, il apparaît un certain déséquilibre dans la mesure où , à l'instar du sort réservé à l'Iran, les pays non nucléaires ne seront pas autorisés à disposer de capacités autonomes d'enrichissement de l'uranium. Un autre déséquilibre également. Sur la rive Nord, il y a des politiques de défense intégrées avec la constitution de forces de projection ( Euromarfor, Eurofor, groupe aérien …etc ..) Pour rester sur le plan des déséquilibres, d'un côté il y a l'acteur géopolitique qu'est l'UE, et de l'autre, des pays non intégrés, dissociés de la ligue arabe et de l'Union africaine. Mais, existe-t-il réellement une Union africaine cohérente, un monde arabe cohérent ?Il est vrai que l'on peut prêter au projet de trouver une place à Israël, une place qu'il ne peut pas avoir si on continue à parler de monde arabe, et non de Proche-Orient ou de GMO. Les Américains n'utilisent jamais le concept de monde arabe et cela n'est pas un hasard.