Le Salon international du livre de jeunesse d'Alger, (SILJA) qui s'est clôturé, jeudi dernier, serait-il frappé du mauvais sort ? Malgré ses trois ans d'âge, ce rendez-vous livresque destiné surtout à la communauté juvénile n'arrive ni à prendre ni à séduire. Depuis sa toute première édition en 2005, cette manifestation initiée par le Syndicat national des éditeurs de livres en collaboration avec la Bibliothèque nationale du Hamma, ne semble nullement intéresser la jeunesse. Les organisateurs ont beau reculer les dates de sa tenue, les avancer, les faire coïncider avec les vacances scolaires, les éloigner des périodes de grandes fêtes, mais rien à faire, le SILJA n'attire pas de monde ! Faites un tour au niveau de la cinquantaine de stands qui proposent toutes sortes d'ouvrages, ludique, préscolaire ou littéraire, vous allez vous rendre compte de vous-même que de l'affluence, il n'y a point. Pourtant la plupart des ouvrages que proposent nos éditeurs locaux comme l'ENAG, ALPHA, l'ANEP sont à la portée de n'importe quelle bourse puisque leurs prix qui pour l'occasion ont été réduits parfois à hauteur de 40 %, varient entre 30 et 350 DA ! Ce facteur qui habituellement concourt à attirer un grand public, n'a pas tellement pesé sur la balance de la séduction. Les responsables des différents stands dont la plupart sont des habitués de l'événement, refusent dans leur majorité à donner les raisons de cette absence d'engouement criarde préférant s'en tenir aux explications des organisateurs en “ temps voulu ”. Les plus hardis comme les représentants de la boite publique ENAG, -une société qui a failli être emportée par le déluge des dissolutions dicté par le FMI dans les années 90- reconnaissent que “l'affluence est moindre par rapport à l'an dernier du fait que le troisième SILJA se déroule en pleine période d'examens”. Les jeunes ou moins jeunes ne sont pas tenus de se rendre à l'endroit de l'événement, la présence d'un seul parent suffit pour dénicher une quelconque œuvre jugée“ incontournable ” pour la formation littéraire ou autre des jeunes.D'autres représentants des maisons d'édition publiques ou privées à l'image de la grosse société d'édition et de publicité, ANEP ou encore la boite privée qui vient d'Oran et qui s'appelle, “Dar El Izaa Wa El Karama Lil Kitab”, ou encore “Dar El Arabia lil Ouloum”, reconnaissent que l'affluence est timide et que leur chiffre d'affaires –à l'exception de l'ANEP qui avoue avoir cartonné- que cela se ressent terriblement sur leur caisse dont les recettes ont diminué de plus de 50% par rapport aux éditions précédentes. Editions qui n'ont également pas attiré grand monde. La nouveauté toute relative de cette année a été l'organisation d'une tombola à laquelle à droit chaque acheteur à qui l'on remet un bon, qu'il doit remplir avant de le glisser dans un coffret. Le gagnant aura droit après le tirage au sort à un ordinateur et des livres. Ce petit épice comme celui des réductions sur les prix n'a aucunement relevé la sauce de ce salon qui démontre tout simplement que nos jeunes ne sont pas élevés dans le culte de la lecture. L'urgence d'inculquer à la communauté juvénile le plaisir et la noblesse de lire, nécessite un apprentissage en amont comme en aval dans nos écoles et les foyers domestiques.