Le Salon international du livre de jeunesse d'Alger, semble être frappé de mauvais œil. L'an dernier, sa première édition, qui intervenait en septembre, n'a pas connu un quelconque engouement, ce qui a poussé les organisateurs, (le Syndicat national des éditeurs de livre, (SNEL) et la Bibliothèque nationale du Hamma), à avancer la date de cette deuxième édition pour le mois d'avril. “L'an dernier, la date de cette manifestation intervenait avec la rentrée des classes et jusqu'à la fin du Salon international du livre, (sila) l'absence du public pourrait s'expliquer par ces deux facteurs du fait que les gens ont fait leurs emplettes pendant le Sila et puis, ils étaient plutôt affairés à s'occuper de la rentrée des classes ” avait soutenu Mohamed Tahar Guerfi, président du Syndicat national des éditeurs de livre. Pareil pour cette seconde édition qui, malgré les efforts des organisateurs, malgré le nombre en nette augmentation des exposants, malgré les animations quotidiennes accompagnant cette manifestation, malgré les nouveautés en matière d'ouvrages destinés à la population juvénile, malgré le choix de la date qui intervient juste après les vacances scolaires et avant les examens, les stands restent déserts. Plus de 12 pays étrangers, entre arabes et européens, et plus d'une trentaine de maisons d'éditions locales sont présents à ce rendez- vous éditorial qui connaît une fréquentation des plus lamentables. Les différents stands achalandés d'un maximum d'ouvrages en arabe et en français de lectures ludiques, scolaires, culturelles et romanesques sont pratiquement vides. Selon la quasi-totalité des exposants, la raison de la défection du public pourrait être liée aux attentats du mercredi dernier, jour de l'ouverture officielle de cette rencontre qui fermera ses portes jeudi prochain. Il est vrai qu'un vent violent de pa-nique s'est emparé de la capitale juste après ses attentats suicide, mais cela ne semble pas tout expliquer d'autant que la Bibliothèque nationale du Hamma, lieu qui abrite cette manifestation, est hautement sécuriséé. En tout cas, tous les ingrédients d'un Salon du livre sont là, sauf la présence du public. “ Les gens sont préoccupés par la situation sécuritaire ”, avoue cette représentante d'une maison d'édition. Et pourtant, ce ne sont pas les nouveautés en matière de titres qui manquent… Sabeha, de chez Gallimard, souligne que les nouveautés pour la jeunesse sont en nombre important cette année, notamment. Les prix ne sont ni alléchants ni dissuasifs, ils oscillent entre 250 et 1200 DA. Les éditions Alpha qui publient depuis peu, régulièrement, des romans, proposent pour cette édition quelque 23 titres en arabe, une revue mensuelle Barbie et des ouvrages dans les styles du roman, de l'essai, de l'histoire et de la poésie. Selon la représentante des éditions “ Att'falouna”, les ouvrages locaux et ceux de l'importation connaissent une relative mévente. A “ Dar el Naii ” située à Rouiba, Mohamed Chaou souligne “ que le manque d'affluence s'explique par la conjoncture actuelle ”. Pour les représentants de “ Dar El Madani ”, ce manque criard d'engouement serait lié à une mauvaise organisation du Salon. Pour ceux qui seraient tentés de se rendre à ce rendez-vous où l'invité d'honneur est cette année, la Belgique, il faut jeter un coup d'œil au bureau de communication égyptien, où des ouvrages sont remis gracieusement aux enfants. En tout cas ce Salon qui a reçu une subvention de 1.5 million de DA, et qui entre dans le cadre de l'événement, d'“Alger, capitale de la culture arabe 2007”, doit absolument gagner en maturité et en nouveauté dans le sens organisationnel et promotionnel du terme. Il serait, absolument, désolant de mettre autant d'argent dans un rendez-vous livresque aussi rare, sans qu'il n'yait un quelconque retour d'écoute. C'est, à la fois, aux organisateurs ainsi qu'aux pouvoirs publics de déceler les manques par des sondages ou autres, afin que la fête du livre ne soit pas qu'un événement de routine.