Le jeune cinéma Amazigh, qui possède désormais ici comme ailleurs ses propres festivals, semble avoir de beaux jours devant lui. Signe qui ne trompe pas, ce cinéma différent de par les sujets qu'il traite et de par la langue –amazighe bien entendu- qu'il emploie, commence à forger les débuts de sa propre histoire.Après la neuvième édition du festival itinérant du film amazigh qui s'est déroulée cette année dans la ville de Sétif, Agadir, l'une des villes historiques du Maroc –la casbah perchée au sommet en témoigne comme une forteresse bâtie pour protéger la ville contre l'invasion espagnole et portugaise vers le 16ème siècle possède elle aussi son festival du film amazigh, qui a déjà deux années d'âge. Ville berbère par excellence, Agadir signifie en chleuh falaise ou mont. C'est dans cette contrée détruite à 90% par un violent tremblement de terre en 1960 qu'a été organisé du 11 au 15 du mois en cours le festival du film amazigh, le Issni N'ourgh. Un festival qui pour sa deuxième année d'âge s'est internationalisé en joignant à la liste de ses invités, algériens et films algériens. Organisé par l'association, Issni N'ourgh ce rendez-vous a mis à l'affiche uniquement des films algériens et marocains en plus d'une conférence sous le thème “ Le Film Amazigh dans les Medias Nationaux ”. Présidé par le critique de cinéma Mohamed Bakrim, le jury fut composé de Elhachmi Assad, régisseur général du Festival International du Film Amazigh d'Algérie, le critique de cinéma Tahar Houchi, directeur du Film Oriental à Genève en Suisse, Amina Ibnou Cheikh, directrice du journal “ Le monde Amazigh ”, Mohamed Sallou, membre de l'IRCAM, la poétesse Malika Mezzan, l'acteur et Metteur en scène Abderrazaq Zitouni, Driss Azdoud, directeur du Centre des Études Artistiques et d'expressions littéraires et de production audio-visuelle à L'IRCAM et Nezha Drissi, productrice et directrice du Festival International du Film Documentaire d'Agadir. Comme dans une compétition sportive, il y avait seulement quatre “ adversaires ”, les œuvres portées par les algériens, et les produits made in maroco ! Dix neuf films venus aussi de la France et de la Libye ont été projetés lors de cette rencontre. Les nôtres ont été exceptionnellement prodigieux puisqu'ils ont raflés pas moins de quatre trophées lors de cette compétition mettant en lice seulement deux pays. Le film Mimezrane, cette fable de Ali Mouzoui qui avait séduit à Alger lors de sa sortie en début d'année dans le cadre de “ Alger capitale de la culture arabe”, a raflé le Grand prix Isni Ouragh et le prix du meilleur scénario. Dans la catégorie documentaire, encore le sulfureux, Hnifa de Ramdane Iftini et Samy Allam, déjà primé au “Panorama du cinéma” de l'événement “Alger, capitale de la culture arabe 2007” et au Festival du film amazigh, a obtenu le premier prix du meilleur documentaire. Ce documentaire de 52 minutes, se base sur des images d'archives. Fatma Zohra Baghdadi interprète du film Arezki l'Indigène de Djamel Bendedouche, a obtenu le prix du meilleur rôle féminin. Loundja du jeune cinéaste algérien, a obtenu une mention spéciale pour son premier long-métrage d'animation tiré d'un conte populaire. Enfin, le jury a eu aussi un coup de cœur pour Kif Kif, un récent court- métrage de Aksil Mula. Furent également appréciés, le long-métrage Tagat et le court-métrage Tislatin n oughanim respectivement de Lahoucine Chkir et Ahmed Baïdou du Maroc. A l'issue de cette manifestation, plusieurs projets ont été annoncés, notamment un accord de partenariat dans le domaine de la coproduction, de la formation et de la diffusion des films entre l'Algérie et le Maroc.