Le Gnaoui, cette musique à la fois profane et sacrée est en train de s'accroître de plus en plus à la faveur de la création de petits et de grands groupes musicaux versés dans le jour. Nous sommes donc en pleine période de prolifération de ce rite musico spirituel, le tout c'est d'entendre bien pour capter les vrais décibels des faux. Pas facile pour les profanes, et heureusement que les festivals existent! A propos, la seconde édition du festival international de la musique Gnaouie s'ouvre le 06 juillet prochain au Théâtre de verdure du bois des arcades de Riadh El Feth. La fête de cette musique qui à l'origine était tout comme le jazz l'expression d'une révolte des esclaves, se poursuivra jusqu'au 11 juillet prochain avec une formidable brochette de groupes de chez nous mais aussi d'ailleurs.Très répandu en Afrique notamment au Maroc en Mauritanie et bien sûr chez nous, le Gnaoui se base sur un instrument à corde, -le goumbri- fabriqué à base d'intestins de bœuf et particulièrement lourd. On appelle “ Maâlem ” les hommes qui chantent du gnaoui en évoquant Dieu, “ Allah ” et son prophète “ Sidi Rassoul Allah”. Le Goumbri n'est pas le seul instrument de cette musique ancestrale propre aux régions du Sud, mais il y a aussi le Karkabou et Tbal. Ceux qui se déplaceront à Riadh El Feth pour rencontrer ce genre musical particulier auront certainement à se joindre au rituel de l'évocation de Dieu sous des rythmes saccadés et autour de ces bkhours qui ont la vertu de rapprocher les gens du céleste et de les éloigner de Lucifer. La seconde édition de ce rendez-vous serait à croire les organisateurs “ plus riche, plus variée et plus colorée que la précédente ”. Une panoplie d'artistes seront présents à cette manifestation qui célébrera l'âme et l'histoire du lyrisme africain. Selon toujours les organisateurs, l'agenda 2008 de ce festival sera axé autour de l'afro-gnawa-jazz, tout comme la première édition. Il s'agira notamment d'alimenter cette rencontre avec une toute autre, le festival national de la musique gnaouie de Béchar (24 au 29 mai 2008) tout aussi connu, afin de promouvoir les artistes algériens.A l'affiche il y aura en ouverture Diwan El Waha de Béchar, suivra Maâlem Hassan Boussou et la troupe Boussou Ganga du Maroc. Le lendemain, Harmonica se produira avant de céder la place à Etienne M'bappé & su la take du Cameroun. Se produiront le 8 juillet Maâlem Brahim et Diwan Debdeba en première partie puis Mokhtar Samba Octet (Sénégal-Maroc). Le lendemain, le public fera connaissance avec Castigroove d'Algérie et Ali Boulo Santo du Sénégal.Le 10 juin, la scène du Théâtre de verdure mettra à l'affiche les groupes Maâlem Madjbar et sa troupe d'Algérie et Fantazia (Algérie-UK). Le festival s'achèvera en apothéose avec un groupe qui nous viendra de France, Kinguba Gnawa et le célèbre Samba Touré du Mali. En parallèle à cette fête du gnaoui, il est prévu un pôle cinéma, une manifestation qui comprendra une projection de documentaires sur la musique gnaouie et ce, chaque après-midi à la salle Ibn Zeydoun (Projections gratuites). Il s'agit de “ Les Sept couleurs ” de l'univers. Leçon d'anthropologie de J.Willemont qui réunit des documents enregistrés pendant plus de 20 ans. A titre exceptionnel, la présence de son réalisateur, Jacques Willemont pose les questions essentielles de l'initiation et de la transmission, évoquées dans le cadre d'un dialogue entre une ethnologue et un grand initié Gnawa. Dans “ Le Baobab et le roseau ” du Collectif Foté Foré évoque la question de la transmission de maître à élève. Comment se transmettent la musique et surtout la percussion et le djembé, instrument emblématique de la Guinée, est évoquée par des musiciens rencontrés à Conakry. Parmi eux, certains étaient présents en tant qu'invités pour le Festival Panafricain d'Alger en 1969 (W.Klein).