Hasna El Bacharia qui est la vedette du 1er festival du Gnaoui qui se poursuit à Bechar jusqu'au 31 mai, passe pour être "un phénomène" dans l'interprétation du genre musical gnaoui, puisque étant l'unique femme joueuse de cet instrument traditionel, le Goumbri, dans tout le Maghreb arabe. Le genre musical qu'est le Gnaoui, est notamment répandu en Algérie et au Maroc, où l'on connaît que des hommes "Maalem" joueurs de cet instrument à cordes, fabriqué à base d'intestins de boeuf et se "distinguant par la lourdeur de son poids". Jamais de mémoire humaine on ne connaît de femmes joueuses d'instruments musicaux dans la confrérie des Gnaoua, disent les adeptes de ce rite musico-spirituel qui a fait connaître Hasna tout d'abord à Bechar sa ville natale, avant qu'elle ne devienne une artiste de réputation internationale à travers plusieurs concerts animés en France, au Maroc, au Portugal et surtout à l'opéra du Caire où elle a établi sa notoriété en tant qu'artiste arabe confirmée, en plus de ses concerts et prestations à Alger. Avec une carrière artistique de plus de trente années et un album "Djazair Djohara" dédié à son pays, Hasna El Bacharia s'impose comme monument de la musique gnaouie, mêlant le sacré et le profane et où le Goumbri, Karkabou et Tbal sont les piliers. Grâce à l'héritage culturel de son père, lui-même Maalem de la confrérie à Bechar, elle a su imposer sa personnalité artistique à travers son jeu et sa dextérité dans l'interprétation des textes gnaouis, notamment "Jangari" ou "Bordj" dans le langage Gnaoui, qui passent pour être parmi les morceaux les plus difficiles à interpréter. Hasna s'est illustrée d'abord dans les fêtes de mariage à Bechar qu'elle a animées pour les femmes. Elle joue en outre de la guitare électrique, du luth, du Banjo et surtout du Goumbri. Cette artiste qui aura à animer avec sa troupe une soirée très attendue par le public dans le cadre du Festival national de la musique et de la danse gnaouis, est considérée comme "la diva" de cet art séculaire, qui s'est forgée une notoriété de par la beauté des compositions musicales et surtout des textes chantés. Hasna El Bacharia, qui vit actuellement entre sa ville natale Bechar et la capitale française, Paris, reste très attachée à son pays qui est pour elle, le centre de son inspiration artistique. Elle est, actuellement, en voie de "finir" un nouvel album portant sur la paix et l'amour du prochain, a-t-elle indiqué. Pour ce qui est du festival en lui-même, celui-ci a été marqué par l'organisation, lundi, à la salle de conférence de la Maison de la culture de Bechar, d'une rencontre sur les aspects historiques et artistiques de ce patrimoine musical et poétique d'origine populaire. Cette rencontre à laquelle ont pris part de nombreux universitaires et chercheurs de plusieurs universités et institutions scientifiques du pays, a permis à l'assistance composée des membres des 18 groupes et ensembles présents à ce festival ainsi qu'à de nombreux adeptes et amoureux du "Diwane", de connaître les dimensions mystiques, culturelles religieuses et sociales des confréries gnaoua. Celles-ci, a-t-on noté, sont apparues en Algérie et au Maroc à l'époque des Almohades par le biais de musiciens et autres joueurs d'instruments traditionnels de l'époque, spécifiquement des ouvriers employés dans les différents chantiers initiés par les Almohades durant leur règne sur la région du Maghreb arabe. Pour Abdelmalek Hanane de l'université de Sidi Bel Abbès, le Gnaoui ou "Diwane" constitue à son début "une thérapie, pour devenir par la suite un véritable art avec ses règles bien définies par les maîtres de la confrérie". Pour un autre spécialiste des arts populaires du centre universitaire de Bechar, le "Diwane" constitue une véritable expression festive des populations de l'ouest et du sud ouest du pays. Cette rencontre qui se tient en marge des représentations artistiques du même festival, se poursuivra mardi par la présentation de communications et recherches sur "le Gnaoui, rite confrérique entre authenticité et perversion", "la musique Gnaouie entre tradition et modernité", fruits du travail respectivement de M. Rabah Sebaa, directeur général-adjoint de la Bibliothèque nationale et de Aouad Hadia, universitaire.