La présidence tournante de l'Union européenne est tombée entre les mains de la France depuis hier, et ce pour une durée de six mois. Cette période s'annonce, d'emblée, cruciale pour le locataire de l'Elysée qui, décidément, joue sur plusieurs fronts. Durant cette période, Sarkozy multipliera ses efforts, à coup sûr, pour mener deux batailles, l'une au nord et l'autre au sud. En effet, Sarkozy a fait son baptême du feu hier lors de son intervention à l'occasion de la réception par la France de la présidence de l'UE en rassurant les 27 que la mission primordiale consiste à sauver le traité de Lisbonne. A cet égard, le chef de l'Etat français a réaffirmé que "la ratification du traité de Lisbonne se poursuivra malgré toutes les vicissitudes ayant caractérisé ce processus du " non " irlandais qui l'a emporté lors du référendum organisé récemment dans ce pays au refus polonais". "Le processus de ratification se poursuit", a ajouté, pour sa part, le Premier ministre français, François Fillon, comme pour appuyer la démarche de son président (Sarkozy), lors d'un discours à Matignon en présence du président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, et l'ensemble du gouvernement français et des commissaires européens, dont la commissaire polonaise à la Politique régionale, Danuta Hübner. Ainsi, le challenge que la France vient de prendre dans ce sens est grandiose à partir du moment que l'objectif prioritaire consiste à ressouder les rangs au sein de tous les pays membres de l'Union européenne. La stratégie et l'action de Paris ne semblent entièrement tournées vers le nord lorsque l'on sait que les mêmes démarches sont aussi menées vers le sud, et ce, à travers le projet de l'Union pour la Méditerranée, un projet que le président français ne cesse de défendre et d'en faire la promotion depuis son arrivée à l'Elysée. Pour cela, l'opportunité de Sarkozy de faire passer son projet n'est pas moindre à partir du moment que le sommet de Paris, prévu le 13 juillet prochain, pour la constitution de l'UPM, coïncide avec le passage du flambeau de la présidence de l'UE à Paris. C'est dire que la France jouera toutes les cartes en sa possession pour faire de la création de l'UPM une réussite régionale dans le Bassin méditerranéen. Certes, le projet n'est plus dans sa mouture première tel que conçu par Sarkozy, puisqu'il a été dépouillé par la Commission européenne de tous les termes jugés non compatibles avec les objectifs de l'UE, mais Sarkozy saisira certainement la prérogative d'un président en exercice de l'Union des 27 pour réussir son pari méditerranéen le 13 juillet prochain. Le président français a d'ores et déjà affiché son ambition de jouer toutes les cartes pour réussir ces deux paris. Chose qui, d'ailleurs, n'a pas manqué de susciter des réactions non moins mitigées de l'opinion européenne. Au moment où les cercles acquis au courant du président accueillent cette évolution avec enthousiasme, les plus réticents à la politique de Sarkozy parlent désormais de l'ambition de "devenir un leader incontesté de l'Europe autant que de la Méditerranée". Ces derniers ne sont pas entièrement convaincus que le président Sarkozy puisse réussir son pari aussi facilement car, pour eux, "Sarkozy qui n'aime guère les contre-pouvoirs, s'est mis à copier la stratégie allemande", pourtant, " d'autres l'on fait bien avant lui sans réussir ".