Le pacte sur l'immigration sera officiellement présenté les 7 et 8 juillet à Cannes, lors d'une réunion des 27 ministres en charge des questions de l'immigration. La peur au ventre. Les jours des sans-papiers se comptent sur les bouts des doigts. Le passage hier de la France à la présidence de l'Union européenne promet un sale temps pour les clandestins. Le président français, Nicolas Sarkozy, qui s'est exprimé, lundi soir, sur le plateau de France3 n'a pas mâché ses mots. «La France ne peut pas supporter toute la misère du monde.» Cette expression de l'ex-Premier ministre français, Michel Rocard, a été reprise par le locataire de l'Elysée pour expliquer que ce qui est valable pour la France l'est également pour l'Europe entière. Toujours offensif, Nicolas Sarkozy promet de faire du dossier de l'immigration son cheval de bataille. «Je suis également un être humain. J'ai un coeur. Peut-être pas forcément le même que le vôtre, en tout cas il est à la même place», a-t-il répondu à une journaliste qui l'interpellait sur les objectifs chiffrés du gouvernement en matière d'expulsions. Avant de renchérir: «Mais, il n'y a pas d'un côté, les êtres humains qui comprennent et de l'autre les sans-coeur». M.Sarkozy a estimé que «le laxisme des années où il n'y avait aucun contrôle a conduit à l'enrichissement de ceux qui trafiquent sur la misère de pauvres gens». Cartésien, le président français dira: «Quand on n'a pas de papiers, on n'a pas vocation à rester dans notre pays.» «Ceux qui ont un travail, on peut parfaitement les régulariser». Ceci dit, désormais pas de place au sentiment ni même à l'espoir d'une régularisation massive. La France ne sera pas la seule à mener la chasse aux clandestins. L'Europe des 27 est également impliquée. Le pacte de l'immigration proposé par le département de Brice Hortefeux est l'un des dossiers urgents qui seront mis en route durant les 6 mois de la présidence française. Preuve en est, la présentation du pacte de l'immigration, élaboré depuis quelques mois, sera officiellement présenté les 7 et 8 juillet à Cannes lors d'une réunion des 27 ministres en charge des questions d'immigration. Ce pacte européen sur l'immigration et l'asile, devrait confirmer un durcissement des politiques européennes dans ce domaine. Il s'inspire, en effet, de la conception de l'immigration «choisie» que défend Nicolas Sarkozy depuis 2003, avant même son accession à la présidence, et qui entend privilégier l'immigration de travail aux dépens de l'immigration familiale, et lutter contre les clandestins. Le pacte de Brice Hortefeux, qui affirme avoir obtenu un avis favorable de tous ses partenaires, s'articule autour de cinq priorités. Il porte en premier lieu sur l'organisation de l'immigration légale en tenant compte des besoins et des capacités d'accueil de chaque Etat membre. Le principe d'une immigration «choisie et concertée à caractère professionnel» est clairement affirmé. Il s'agit également de «mieux protéger l'Europe en améliorant l'efficacité des contrôles aux frontières». Hier, à Marseille, le sujet était sur toutes les langues. Dans les cafés, dans le métro, des jeunes, vieux et même des filles ne dissertaient que du sujet. «Nous sommes dans l'oeil du cyclone. C 'est fini pour nous», disait Kader à son ami Djamel, le journal à la main. «Sarkozy ne va pas nous lâcher», ajoute Kader sur un air confus. Durant tout le trajet, la discussion tournait uniquement le sujet.