Par Faouzia Belkichi Le Canada, ou plus précisément le Québec innove en matière d'intégration des immigrés.Loin des clichés qui arrivent sur les berges du Saint-Laurent en provenance de l'Europe et principalement de France, le Québec développe sa propre façon de mener une politique de l'intégration. Ainsi la langue officielle, le français faut-il l'entendre là-bas au Canada français, est venu à la rescousse des politiciens en termes d'intégration des immigrés, notamment de confession musulmane. On l'a peu évoqué ici en Algérie, mais durant cette année, les Québécois se sont lancés dans une vaste introspection sur le rapport entre les cultures locales et celles issues de l'immigration. La question, là-bas, a tourné autour des "accommodements raisonnables". Née dans le droit du travail, la notion s'est étendue à tout écart à la norme concédé au nom des droits individuels. Le débat a été relancé lorsqu'une femme de confession musulmane a voulu voter voilée. Une commission menée par l'historien Gérard Bouchard et le philosophe Charles Taylor a été chargée d'esquisser une nouvelle coexistence des cultures. D'accord, "accommodement" n'a aucun charme. C'est du lourd. Mais les dictionnaires le rendent plus vivant. Car "accommoder" possède une bien curieuse dualité, entre le fait de concilier des éléments divers et celui de rendre conforme - imposer, alors, la norme. La formulation québécoise repose donc sur une ambiguïté, ou une incantation: il faut accommoder les modes de vivre, mais avec raison. Bouchard et Taylor ont conclu leurs travaux le 18 juin. Leur rapport, dont la seule version abrégée fait 103 pages, évoque le fait que le Québec, en soi minoritaire, ne peut se comporter face aux migrants avec "l'assurance des nations impériales", et qu'il faut poursuivre une forme d'intégration "dans le pluralisme, l'égalité et la réciprocité". Tout enseignement hors Québec serait bien sûr purement fortuit. Tellement fortuit, d'ailleurs, qu'en Suisse une montée de la xénophobie inquiète le monde musulman. Là, le pays helvétique joue avec le feu et attise les tensions entre les communautés. Le Conseil fédéral devra voter bientôt une loi " anti-minarets ". Oui, une loi qui interdirait la construction et l'utilisation des minarets dans les mosquées. Drôle de concept d'intégration en fait dans un pays où la tolérance a atteint son degré zéro. Longtemps épargnée de la montée de l'ultranationalisme, la Suisse vit des mutations sociales dangereuses pour son avenir. En effet, depuis le retour en force de l'UDC, parti conservateur et extrémiste, le climat devient de plus en plus malsain et l'air irrespirable pour les étrangers.Les Suisses devraient s'inspirer de l'expérience canadienne, notamment québécoise, pour apprendre l'intégration dans son sens le plus noble et le plus humaniste du terme. Au lieu de jouer aux pyromanes tels le Danemark et le Néerlandais G. Wilders qui ont mis le feu aux poudres sous prétexte d'une hypocrite approche de la liberté d'expression.