Le projet de pacte européen sur l'immigration, initiée par la France et présenté, hier, à ses 26 partenaires européens, a suscité des divergences de la part notamment de l'Espagne. En cause "le contrat d'intégration" qui englobe la question des régularisations massives. Une question que la France, qui assure la présidence de l'UE, entend freiner en amenant les pays membres à adopter la même position. L'Espagne se trouve au même titre que l'Italie pointé du doigt étant parmi les pays qui ont opté à la régularisation massive des immigrés clandestins. Ces pays refusent de se lier par un engagement contraignant en insistant sur leur souveraineté.L'immigration illégale constitue, en tout cas, un des points phares de la présidence française puisqu'elle compte mettre le paquet pour mener un combat sans merci. Le président Sarkozy a eu déjà à s'exprimer sur ce dossier avec ses homologues européens. D'où cette panoplie de propositions incluses dans "le contrat d'intégration". Il s'agit, entre autres, d'un document qui devrait être signé par les immigrés légaux qui s'engageraient à apprendre la langue ou à respecter les lois de leur pays d'accueil. Concernant la politique d'asile, l'objectif est d'installer dès 2009 un bureau d'appui aux Etats membres pour faciliter l'échange d'informations sur les demandeurs afin de parvenir à des critères communs en 2010.En outre, les moyens de surveillance des frontières extérieures de l'UE seront renforcés, même si le mécanisme Frontex ne devrait pas déboucher sur un corps européen de garde-frontières. Plus globalement, la version corrigée du projet de pacte européen de l'immigration reste en "phase avec la politique française d'immigration choisie", favorisant l'immigration de travail au détriment du regroupement familial. Il faut savoir que le nombre d'immigrés illégaux est estimé à huit millions dans l'Union par laCommission européenne. Plus de 200.000 clandestins ont été arrêtés dans l'UE pendant la première moitié de 2007, et quelque 90.000 ont été expulsés. Les sanctions pénales contre les employeurs qui offrent du travail aux sans-papiers sont aussi comprises dans ce pacte européen, de même que la directive "retour", qui a suscité un tollé parmi le mouvement associatif, et sur laquelle les 27 sont parvenus à un accord sur la fixation d'une durée maximale de 18 mois de détention des immigrés illégaux avant leur expulsion vers leurs pays d'origine. Les propositions françaises sont également sujettes à controverse dans l'Hexagone. Le rapport sur le "cadre constitutionnel de la nouvelle politique d'immigration" française, qu'une commission officielle devra déposer vendredi prochain, juge, en effet, inefficace la politique des quotas prônée par la France pour favoriser l'immigration de travail et réduire les autres flux migratoires.