Ils étaient trois, Selma Kouiret, Mohamed Rouane et Faruk Azibi à avoir enflammé la scène avec ces airs de flamenco durant les années 2000. Tout comme les grandes formations musicales du monde, le groupe s'est scindé après une expérience bouillonnante qui aura duré plusieurs années. Chacun a suivi son bonhomme de chemin : Selma est depuis quatre ans artiste dans les arènes luxueuses de Marrakech, Rouane est devenu un virtuose de la guitare, et Faruk vient de nous pondre un nouvel album plein de ces airs métissés entre l'algérois, l'andalou et bien entendu le flamenco ...Dans cet entretien, il revient sur ses débuts, ses aspirations, et sa carrière nouvelle entant que solo. Ecoutons le ! Le Maghreb : Vous êtes membre fondateur de l'ex-Méditerranéo, un groupe qui a fait énormément de bruit à la fin des années 90. Comment regardez-vous aujourd'hui cette époque ? Faruk Azibi : J'étais “un” des membres fondateurs du groupe “Méditerranéo” parce que il ne faut pas oublier Selma Kouiret et Mohamed Rouane. Nous étions trois éléments indissociables, inséparables à l'époque. Nous avons vécu une expérience formidable, indélébile. J'en garde un souvenir mémorable ! Le Maghreb : Le groupe s'est séparé au début de l'année 2000 comme il arrive à tous les groupes du monde. Qu'est ce qui a motivé cette séparation et quel rapport entretenez-vous avec les deux autres membres, Selma Kouiret et Mohamed Rouane ? F. A : Vous l'avez dit vous-même, de par le monde, il peut arriver à ce que des groupes se scindent pour poursuivre des carrière solo. C'est ce qui est arrivé pour les “Méditerranéo”. Selma , Mohamed et moi-même avons acquis une expérience telle que la séparation s'est imposée d'elle-même. Avec les années chacun de nous a éprouvé le besoin de vivre autre chose, de s'extérioriser autrement que dans ce trio. Selma a réussi, Mohamed aussi. Le Maghreb : Aujourd'hui après plus de sept ans d'absence vous revenez avec votre premier album. Qu'attendez vous de cette toute première production lyrique que vous venez de signer? F. A : Au risque de me répéter, je peux vous dire qu'à présent je veux vivre une autre expérience, en solo. J'aimerais partager avec mon public, chanter ce qui me tient à cœur. Pendant toutes ces années d'absence, je me suis forgé, j'ai travaillé dur pour offrir le meilleur de moi même “we are never too old to learn”. Le Maghreb: Dans cet album il y a un mélange de style, plutôt vous avez abordé de nombreux styles musicaux notamment l'algérois. Pensez-vous qu'un artiste doit avoir son propre style ou alors plusieurs ? F.A : Dans ce premier “album”, j'ai opté pour la diversité et j'ai abordé plusieurs styles notamment l'Algérois. J'ai voulu me mesurer à moi- même. Certes, j'ai chanté des chansons de grands poètes qui sont connus par leurs œuvres et par leurs noms tels: Kamel Cherchar qui a beaucoup écrit pour le défunt Kamel Messaoudi, Boudissa Noureddine, Yacine Bouchareb et prochainement avec Kadour Lafrah, Yacine Ouabed, mais j'ai aussi mes propres œuvres qui explorent encore une fois mon terreau de prédilection qui est le flamenco et la chanson latino. D'où d'ailleurs une chanson proposée par Amine Dehane, Trista Pensa qui est un remix ! Ainsi, pour répondre a votre question oui, tout artiste se doit de toucher à d'autres styles et connaître, mais pas nécessairement maîtriser. Le Maghreb : Les paroles de votre album sont très nostalgiques d'une Dzair (Alger) traditionnelle avec ces femmes en hayek m'rama et le karaku. Que vous inspire la modernité ? F. A : -”Le passé est la lumière qui éclaire l'avenir” je suis dans ma nature un nostalgique d'Alger de “zman”. et qui ne l'est pas entre-nous ? La modernité ? c'est le présent, le futur aussi. nous sommes dans un pays en plein essor. Une Algérie moderne bien assise grâce à ses racines du passé . Le Maghreb : Vous avez tenu durant sept longues années l'affiche des espaces musicaux de l'hôtel Sheraton. Que retenez-vous de ce long passage ? F.A : Mon passage au Sheraton, beaucoup de choses positives, j'ai chanté pendant sept ans et je suis resté artiste, à aucun moment je n'ai fais autre chose que la chanson. Chanter c'est toute ma vie. C'est aussi des choses négatives; ça m'a éloigné de mon public qui m'a témoigné beaucoup d'admiration et de fidélité. Le Maghreb : Si un office culturel vous invitait à une tournée à l'occasion de la sortie de ce nouvel album. Qu'est ce qui vous fera le plus peur à vous qui n'avez pas encore rencontré votre public en tant que soliste? F.A : Peur de mon public? ! Non! avoir le trac c'est naturel. car tout artiste a le trac. Celui qui n'a pas le trac ne respecte pas son public. Je vis avec. J'adore les défis, les challenges, ça me pousse à aller de l'avant ! Je ne suis jamais seul depuis que j'ai quitté mon ancien groupe. J'ai formé un autre groupe les “ Costablanca”.qui recèle beaucoup de musiciens talentueux à l'image de Karim Gemraoui, guitariste chanteur qui a un avenir fort prometteur, Lamamra Hacene qui est guitariste soliste et l'un des meilleurs en Algérie. La formation a fait plusieurs tournées en Europe. C'est une équipe qui a œuvré loin des médias mais qui a derrière elle une base et une solide expérience. Le Maghreb : Qu'est ce qui est le plus difficile quand on est chanteur algérien ? F.A : Vous savez moi je chante depuis la fac. J'ai commencé avec une guitare. le plus difficile pour un chanteur qu'il soit Algérien ou pas ;le mépris, l'indifférence, le silence, le fait de ne pas être compris, écouté, apprécié par le public, encouragé pour se surpasser. Les tracasseries d'ordre matériel ne sont pas propres à la chanson. Le Maghreb : Faire une carrière solo nécessite beaucoup plus d'énergie que quand on est en groupe. Avez-vous été confiant dés le départ ? F.A : Affirmatif ! Je le suis. Si je ne crois pas à mon étoile je ne suis pas à côté de vous. Je préfère rester chez moi. Le Maghreb : Votre souhait le plus cher ? F.A : Mon souhait le plus cher c'est de voir les algériens vivre en paix .parce que nous sommes un peuple formidable. Le peuple algérien a besoin de stabilité, de vivre. Après la décennie noire, nous avons besoin d'unir nos forces pour hisser le pays. Le rendre un pays moderne, nous avons les moyens matériels et humains, j'en suis confiant. Inchallah Entretien réalisé par Meriem Mokrani