Le géant gazier russe Gazprom pourrait concrétiser un accord avec Tripoli sur l'achat du gaz naturel libyen, qu'il va revendre en Europe, d'ici la fin de 2008, a annoncé vendredi le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov. "Nous avons proposé d'acheter tous leurs volumes disponibles de pétrole et de gaz (...). Nous commencerons probablement avec de petits volumes. Cela peut se passer déjà cette année", a dit M. Kouprianov aux journalistes à Severodvinsk (nord-ouest). Selon lui, Tripoli a en outre proposé à Gazprom de participer à la construction d'un nouveau gazoduc qui doit relier la Libye à l'Europe. Gazprom entend, à terme, participer au renforcement des capacités d'un gazoduc entre la Libye et l'Italie. "Un gazoduc marin allant jusqu'à la Sicile d'un débit annuel de 5 milliards de mètres cubes a été construit, et la réalisation du deuxième tronçon, qui multipliera par deux le volume des livraisons, est envisagée. C'est justement ce projet qui intéresse Gazprom", a déclaré le patron du groupe russe, cité par la presse de Moscou. En avril 2008, après la visite de l'ex-président russe Vladimir Poutine à Tripoli, l'accord de créer une filiale a été signé en vue de lancer des opérations de prospection et d'exploitation de gaz et de pétrole. Par ailleurs, Gazprom travaille, depuis fin 2007, sur trois blocs gaziers dans le bassin de Ghadames, au sud de la Libye, aux frontières avec l'Algérie, d'une surface totale de 3 936 km2. Gazprom est également en négociations avec le groupe italien Eni pour une coopération dans les projets gaziers communs en Libye. En effet, l'Italie, qui est le premier importateur du pétrole libyen, souhaite s'appuyer sur le groupe russe pour développer ses activités en Libye. Alexeï Miller, président de Gazprom, avait évoqué la possibilité d'un échange d'actifs avec la compagnie italienne ENI. C'est à partir d'Alger, où il a ouvert son bureau régional, que le géant russe compte piloter ses projets sur le continent africain. D'ailleurs, la filiale de Tripoli du groupe, créée avec la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC), sera rattachée à la représentation d'Alger, dirigée par un haut cadre du groupe. Gazprom prévoit également de participer à la construction du gazoduc Nigéria-Algérie-Europe, la compagnie russe possédant, selon M. Miller, les capacités suffisantes pour mener un tel projet. "Il est bien évident que cela nous intéresse", a-t-il admis. On savait que le géant gazier russe avait de grandes ambitions en Europe, mais Gazprom nourrit également de grands projets en Afrique du Nord. Le groupe veut acheter du gaz à l'Afrique, aux pays d'Asie centrale et à l'Iran - dont les compagnies européennes se retirent l'une après l'autre sous la pression des Etats-Unis. L'idée semble être de se constituer en carrefour obligé des flux gaziers à destination de l'Europe.