La perspective d'un arrêt des approvisionnements en gaz naturel russe se rapproche en Ukraine, faute d'accord sur le règlement d'une dette de deux milliards de dollars, a annoncé un responsable russe mercredi. Le géant gazier russe Gazprom, avait menacé de fermer le robinet au 1er janvier, si son voisin ukrainien n'a pas payé l'intégralité de sa dette. Les responsables ukrainiens étaient donc à Moscou pour une nouvelle session de négociations, suivies avec inquiétude par les pays européens dépendant de la Russie pour leurs importations en gaz, et pour lesquels l'Ukraine, est le principal pays de transit. Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko avait, pourtant, déclaré mercredi, que les parties s'étaient mises d'accord pour un report jusqu'au début 2009. Mais le porte-parole de Gazprom, Serguéi Kouprianov, a ensuite démenti. "La question n'a pas été réglée, comme cela a été annoncé à Kiev", a-t-il déclaré à la télévision. Le ministre de l'Energie Serguéi Shmatko a, pour sa part, exhorté les pays européens à faire pression sur Kiev pour éviter une réédition de la "guerre du gaz" de 2006 entre les deux anciennes républiques soviétiques. L'Ukraine s'était alors retrouvée sans approvisionnement pendant plusieurs jours, et des pénuries avaient atteint l'Europe de l'est, mettant en lumière la forte dépendance énergétique de l'Europe envers la Russie. Ce conflit gazier russo-ukrainien revient avec régularité depuis plusieurs années, au moment où approche la signature d'un nouveau contrat sur les livraisons de combustible bleu russe à l'Ukraine. La pierre d'achoppement, cette année, est la dette de l'Ukraine pour le gaz qui lui a été livré en 2008, dette que la Russie évalue à 2,4 milliards de dollars. A l'évidence, les négociations gazières entre Kiev et Moscou vont, une nouvelle fois, traîner, accentuant les craintes des pays de l'UE dépendant de ce gaz russe qui transite par l'Ukraine. A ce sujet, la société énergétique nationale ukrainienne, Naftogaz, avait annoncé, mardi soir, avoir assez de réserves de gaz dans ses cuves pour tenir jusqu'à la fin de la saison froide, en général début avril. Iouchtchenko a réaffirmé mercredi que l'Ukraine continuerait à fournir du gaz à l'ouest, et que la moitié de ces réserves étaient destinées aux consommateurs européens. De son côté, le porte-parole du holding russe, Sergueï Kouprianov, a déclaré, mercredi, que l'Ukraine est obligée d'assurer le transit du gaz de Gazprom vers l'Europe même si aucune entente sur le prix de transit en 2009 n'est atteinte. "Le taux de transit pour l'année prochaine continue d'être discuté, mais la partie ukrainienne est obligée d'assurer le transit sans à-coups", a déclaré M.Kouprianov. Le porte-parole de Gazprom a rappelé qu'il existait deux contrats qui ne sont pas liés entre eux: celui sur la livraison de gaz à l'Ukraine et celui sur le transit du gaz via son territoire. "Nous avons tous les fondements pour exiger que la partie ukrainienne remplisse ses engagements sur le transit", a noté M.Kouprianov. Selon les estimations de Gazprom, cette année l'Ukraine s'est bien préparée pour l'automne et l'hiver, ses dépôts souterrains étant assez remplis. Cela signifie que l'Ukraine peut techniquement assurer le transit.