Selon un récent rapport de l'Organisation de coopération économique (OCDE), le soutien accordé aux agriculteurs au titre de l'année 2007 s'est élevé à 258 milliards de dollars, soit 23% du total des recettes agricoles. Malgré son ampleur, ce montant est à peu près le plus bas depuis 1986, année où l'organisation a commencé à effectuer les estimations. Cette baisse s'explique essentiellement par la hausse des prix des produits agricoles. En effet, les cours mondiaux étant plus élevés, le montant du soutien et des subventions nécessaires pour relever les prix intérieurs ont diminué. La prochaine réforme de la PAC, prévue en 2013, reconduira-t-elle la même politique de subvention efficace dans son pré carré européen ou, au contraire, participera-t-elle à enrichir l'idée de la mise en place d'une sorte d'ONU mondiale de la régulation alimentaire ? Assez tôt pour le dire. En attendant, le débat fait rage dans les milieux politiques et économiques occidentaux. Daté du 8 juin dernier, un rapport d'information déposé par un groupe de députés du Parlement français, sous la direction d'Hervé Gaymard, se pose la question sous une approche plus concrète : comment nourrir les hommes aujourd'hui et demain ? Une question qui bouscule avant tout le consensus malthusien qui faisait l'unanimité depuis quelques décennies en proclamant qu'il faut produire moins d'aliments et que seuls les pays dotés d'un avantage comparatif avaient pour vocation de nourrir la planète. Cette théorie aura du mal à faire face aux chiffres alarmants de la FAO, faisant état de stocks céréaliers à leur plus bas niveau depuis 25 ans et estimant à 36 le nombre de pays en crise alimentaire dans le monde.Bref, pour les auteurs du rapport, il est temps d'amorcer un débat sérieux sur la théorie de l'échange international. La théorie de Ricardo sur l'avantage comparatif, datant de 1817, au bon vieux temps de la splendeur de l'empire britannique, riche de ses dépendances asiatiques, ne laisserait au 21e siècle qu'un choix cornélien entre le libre-échange intégral et le protectionnisme intégral.Pour les députés, l'ONU doit se doter d'un Conseil de sécurité alimentaire. Une évolution complexe qui consiste à ne pas limiter les produits alimentaires à leur seule dimension commerciale. A titre d'exemple, la production de lait faisant l'objet d'un échange mondial est en deçà de 3%, contre 5% pour le riz et 15% pour les céréales en général. Des volumes faibles qui font le succès des spéculateurs, notent les auteurs du rapport qui préconisent une approche globale de la question alimentaire incluant développement agricole, nutrition, recherche, environnement et commerce. Actuellement, c'est plutôt l'approche commerciale qui l'emporte, comme dans le cas des négociations sur les APE entre les pays ACP et l'Union européenne. Dans la réforme de la convention de Lomé, signée en 1975 et qui concerne aujourd'hui 77 pays, l'UE explique sa position par la volonté d'abolir un système de préférences non réciproques en opposition avec les accords du GATT de 1994. L'ouverture réciproque préconisée implique une quasi-zone de libre échange entre l'UE et les six groupes de pays ACP, lesquels devront renforcer leur intégration par des accords sous-régionaux. Selon les études, en cas de mise en place de cet ALE, les exportations européennes vers les pays ACP augmenteraient de 35%. Par ailleurs, l'OCDE se dit favorable à un moratoire sur les biocarburants et prône une complète refonte des politiques actuelles en la matière, dans un rapport qui critique le coût élevé de ces combustibles d'origine végétale et leur bénéfice environnemental douteux.