Une centaine de délégués de 36 pays, réunis depuis vendredi à Rome au siège de l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture ( FAO), ont invité les agriculteurs du monde à adhérer plus nombreux à la révolution agricole dite "plus verte" représentée par ce que l'on appelle l'agriculture de conservation.Cette forme d'agriculture contribue à nourrir le monde de façon plus durable en renforçant les écosystèmes des sols et en réduisant les perturbations aux sols là où cela est possible. Selon une étude, quelque 20 % des terres agricoles de la planète sont actuellement érodés ou dégradés d'une façon ou d'une autre - une catastrophe potentielle, vu la nécessité de doubler la production vivrière mondiale d'ici à 2050 pour nourrir une population de plus de 9 milliards. La reconstitution d'une bonne structure des sols en facilitant les processus biologiques accroît la capacité des sols à produire, ont souligné les délégués dans un Plan d'action adopté au terme de trois journées de travail consacrées à l'investissement dans l'intensification durable de l'agriculture et l'amélioration de la qualité des sols. Les délégués ont exhorté à "un passage rapide, partout où les circonstances le permettent, à des systèmes de gestion basés sur une perturbation minimale des sols, leur couverture accrue et la rotation appropriée des cultures". Le Plan d'action a, en outre, invité les donateurs et les décideurs à promouvoir les systèmes d'agriculture de conservation dans leurs programmes de développement agricole et à atténuer la crise actuelle des prix alimentaires. Introduite il y a environ 30 ans, l'agriculture de conservation est actuellement pratiquée sur 100 millions d'hectares dans le monde. Les sols sont perturbés le moins possible et sont semés directement à travers la couche existante de paillis. Au cours de la réunion, il a été démontré que l'agriculture de conservation procure des bénéfices dans une large gamme de situations, notamment dans les grandes exploitations commerciales en Amérique du Sud, dans les petites exploitations en Afrique et dans les systèmes de production intensive dans les régions tempérées de l'Asie. Les labours fréquents peuvent souvent détruire l'équilibre biologique des sols, entraînant à la longue leur dégradation et la réduction de leur productivité. Grave problème : les terres dégradées se compactent plus facilement et absorbent donc moins d'eau. L'eau tend alors à ruisseler à la surface, emportant avec elle la couche arable. Les champs perdent de leur résistance au stress hydrique et les nappes aquifères ne sont plus rechargées par l'infiltration de l'eau, aggravant les effets des sécheresses. Preuve à l'appui, les participants à la réunion ont démontré que l'agriculture de conservation permet aux agriculteurs d'obtenir des récoltes plus abondantes tout en utilisant moins d'intrants (engrais, pesticides, énergie notamment). L'agriculture de conservation, qui ne représente pas une panacée à tous les problèmes, a été néanmoins un élément nécessaire pour une gestion durable des terres dans beaucoup de systèmes agricoles et de régions, ont convenu les délégués. Des moyens de l'introduire restent encore à trouver pour les régions dotées de conditions difficiles comme les terres arides, et cela requiert des investissements ciblés. La récente initiative des Nations unies face à la crise alimentaire mondiale soutient d'ailleurs l'agriculture de conservation qui, selon les Nations unies, contribue à améliorer la santé des sols dans le cadre d'une production durable du fait de la rétention de l'eau et des nutriments des plantes. A noter enfin que cette rencontre qui a regroupé des représentants des gouvernements et des organisations internationales, des chercheurs, des donateurs, du secteur privé, des agriculteurs et des ONG, a été organisée conjointement par la FAO, la "Tropical Agriculture Association" du Royaume-Uni, le Forum pour la recherche agricole en Afrique, le Forum mondial pour la recherche agricole, le Centre mondial d'agroforesterie (CIRAF) et d'autres organisations partenaires.