Afin d'éviter toute tension sur le marché des matériaux de construction, l'Algérie va procéder à l'importation de près d'un million de tonnes de ciment avant fin 2008. Pour ce faire les cimenteries publiques ont entamé les démarches pour un achat groupé d'un million de tonnes de ciment destiné aux secteurs du bâtiment et des travaux publics. L'opération devrait se terminer courant septembre par le choix de fournisseurs étrangers capables de livrer une telle quantité. Il faut savoir que l'Algérie prévoit des besoins à hauteur de 18 millions de tonnes pour alimenter les divers chantiers ouverts durant la période 2008-2009. Néanmoins, les douze cimenteries publiques produisent actuellement près de 11,6 millions de tonnes de ciment. C'est dans ce sens que celles-ci veulent se préparer à une forte augmentation de la demande, prévue à partir du dernier trimestre de l'année en cours. Cette demande proviendra essentiellement du projet d'autoroute Est-Ouest avec le démarrage massif de la construction d'ouvrages d'art. L'autre partie de la demande viendra du bâtiment, avec l'accélération de la cadence de réalisation pour livrer un maximum de logements avant fin 2008 et courant 2009. Outre cela, et dans le même sens, l'importation de quantités importantes de ciment devrait contribuer à stabiliser le marché national qui a connu de fortes perturbations depuis le début de l'année, avec une hausse vertigineuse des prix et une décroissance du produit, obligeant plusieurs chantiers à des arrêts techniques. Aussi, et afin de remédier à la situation, les pouvoirs publics ont pris une série de mesures afin de mettre un frein à la spéculation. C'est ainsi que l'ensemble des cimenteries publiques ont conditionné la fourniture de ciment aux intermédiaires et aux entreprises de construction par un cahier des charges englobant l'ensemble des conditions auxquelles doivent s'astreindre les clients.D'un autre côté, et afin d'augmenter les capacités de production, les cimenteries publiques ont décidé d'investir ensemble 780 millions de dollars pour augmenter leurs capacités de production de 6 millions de tonnes par an à l'horizon 2012. Trois nouvelles lignes de production totalisant 6 millions de tonnes par an sont projetées au niveau des cimenteries de Chlef, Ain El Kebira (Sétif) et Beni-Saf (Aïn Témouchent). Ce plan de développement sera financé à 70% par la Banque extérieure d'Algérie (BEA). La décision de recourir à l'importation du ciment intervient quelques mois après l'arrivée sur le marché du géant français Lafarge. Le cimentier français a pris le contrôle de deux cimenteries appartenant au groupe égyptien Orascom dans le cadre d'un accord global signé fin 2007 avec le conglomérat égyptien. Lafarge a également acquis 35% du capital de la cimenterie publique de Meftah, pour 44 millions d'euros, avec en plus le management de cette usine durant dix ans extensible à 15 ans. Lafarge, qui produit actuellement 8 millions de tonnes de ciment par an en Algérie, compte porter ses capacités à 15 millions de tonnes à l'horizon 2015. En plus des projets de Lafarge et des cimenteries publiques, Sonatrach a repris au groupe suisse Holcim la construction d'une cimenterie à Relizane pour 180 millions de dollars et le groupe privé Cevital envisage de construire deux cimenteries ultramodernes. L'Algérie devrait produire ainsi entre 30 et 40 millions de tonnes de ciment par an à l'horizon 2015. A cela, la construction d'une cimenterie, en partenariat entre les Iraniens et les Algériens, d'une capacité de production annuelle estimée à un million de tonnes ; le financement du projet est de l'ordre de 220 millions d'euros, (330 millions de dollars). La participation iranienne sera de l'ordre de 51%, et celle de l'Algérie de 49%. Cet accord va permettre d'augmenter la production nationale laquelle est actuellement de quatorze millions de tonnes par an, alors que les prévisions sont de 18 millions.