Plus le procès Khalifa avance, plus s'avère inquiétant le fait que d'une part, au niveau du groupe Khalifa et dans son environnement il est acquis que tous se livraient à une course aux avantages, même au détriment de la loi, d'autre part, et c'est ce qu'il y a de plus stupéfiant, une absence totale de contrôle comme si cette fonction n'est pas du tout prévue tant au sein du groupe qu'à l'extérieur de celui-ci. Il faut bien convenir que si une telle gestion désastreuse et immorale a pu avoir lieu, c'est que quelque part, y compris au niveau des institutions, il y a eu un dérèglement ou un laxisme prémédité. Celui-ci commence peut être au niveau de la commission bancaire placée à la Banque centrale en grande pompe, mais dont malheureusement n'est ressortie aucun effet positif sur le fonctionnement de la banque Khalifa. D'abord, pourquoi aucune appréciation, du moins pour ce qui est du domaine du public, n'a été faite à propos du financement du groupe Khalifa à partir de la banque Khalifa. La compagnie Khalifa Airways a été financée par la banque Khalifa, de même qu'il en est ainsi pour toutes les activités de Khalifa. Aussi, une décision a été prise plus tard de ne plus permettre à un propriétaire de banque de financer ses propres investissements hors bancaires à partir de sa banque. Le problème est que cette décision est intervenue trop tard, et est tirée du constat qui a été fait à propos de la faillite du groupe Khalifa. Il est vrai qu'il est facile de tirer des conclusions justes a posteriori, mais cela démontre quand même qu'aucune analyse prévisionnelle n'a été faite ou que, plutôt, personne au sein des institutions n'a été assez sérieux dans l'étude du dossier, à moins que cela n'ait procédé d'un laxisme ou d'un calcul intéressé. Que les entreprises publiques et les organismes des œuvres sociales aient déposé leur argent dans la banque Khalifa était tout à fait naturel au double regard que la banque a été agréée par l'Etat et que les taux de rémunération des dépôts bancaires étaient très élevés. La course pour déposer l'argent de ces organismes et de ces entreprises est compréhensible. Cependant, le problème réside au niveau des avantages personnels obtenus en compensation de ces dépôts, comme le problème réside également dans la corruption des hauts responsables qui ont accepté de bénéficier (en contre partie de quoi, si ce n'est d'une protection ?) d'avantages auxquels ils n'ont pas droit et qui savent qu'ils proviennent du viol de la loi au niveau de la banque. S'ils ne le savent pas, c'est qu'ils sont alors incompétents. Il faudrait vraiment qu'un haut cadre soit naïf pour croire ou faire croire que ces cadeaux lui sont faits pour ses beaux yeux.