A l'invitation de son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika a entamé hier une visite d'Etat de deux jours à Téhéran. Elle s'inscrit dans le cadre du développement des relations entre les deux pays. L'arrivée du chef de l'Etat à Téhéran en provenance de la capitale chinoise où il a pris part à la cérémonie d'ouverture des JO, a été précédée de celle d'une délégation algérienne conduite par M. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères et composée de cinq ministres. Sur place, le diplomate algérien a eu des discussions avec son vis-à-vis iranien et qui ont porté sur diverses questions régionales, internationales, politiques et économiques. Le chef de l'Etat qui est arrivé hier à 11 h 50 (heure algérienne), aura aujourd'hui un entretien en tête-à-tête avec le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Les entretiens devraient porter sur le raffermissement des relations bilatérales entre les deux pays ainsi que sur les questions internationales et rencontrera de hauts responsables de la République islamique iranienne, selon l'agenda de cette visite. Le président Bouteflika avait expliqué mercredi dernier que cette visite «s'inscrit dans le cadre du renforcement de la coopération bilatérale et de la concertation entre les deux pays sur les questions régionales et internationales d'intérêts communs». Des accords douaniers et sur les régimes fiscaux vont être signés à cette occasion, a déclaré l'ambassadeur iranien à Alger. Le diplomate iranien a laissé entendre hier que les deux pays pourraient aussi discuter d'un projet d'un cartel des pays exportateurs de gaz, sur le modèle de l'Opep. «Des délégations d'experts de pays disposant de réserves de gaz comme l'Iran, l'Algérie, la Russie, le Qatar, le Nigeria et l'Egypte ont discuté de la question de former une Opep du gaz», a dit l'ambassadeur iranien. Raffermissement des relations économiques et commerciales La normalisation des relations entre l'Algérie et l'Iran a été jalonnée par une visite d'Etat du président Abdelaziz Bouteflika à Téhéran en 2003, et d'une visite similaire du président Mohamed Khatami en octobre 2004 à Alger suivie de celle de l'actuel président iranien Mahmoud Ahmadinejad en août 2007. Au cours de cette dernière visite, les deux parties ont signé quatre accords de coopération portant sur l'habitat, la justice, la culture et les services aériens, depuis ; les relations bilatérales entre les deux pays connaissent une évolution notables. Au mois de juillet dernier, la tenue de la troisième commission mixte gouvernementale algéro-iranienne lors d'une rencontre entre les opérateurs algériens et leurs homologues iraniens, a abouti à la signature de deux accords dans le domaine industriel. Le premier porte sur un montage d'une usine de production d'un million de tonnes par an de ciment. Un partenariat pour un investissement de l'ordre de 220 millions d'euros. Le second accord commercial a été signé entre la société algérienne et iranienne Wagon Perse pour la création d'une usine de fabrication de wagons à Annaba. Les produits de cette unité seront destinés à l'exportation vers l'Afrique, l'Europe et les pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite. Les deux parties ont profité de cette occasion pour évoquer la mise sur pied en Algérie d'une usine de production de médicaments. Dans ce domaine, l'Algérie, qui importe plus de 1,4 milliard de dollars en médicaments, aspire à réduire ce volume. Le secteur de l'automobile n'est pas en reste, puisque le constructeur automobile iranien Saipa est en cours de partenariat avec des sociétés algériennes pour la mise sur pied d'une usine de montage.Les échanges commerciaux entre l'Algérie et l'Iran sont estimés à 25 millions de dollars, en 2007, contre 9 millions de dollars en 2006. Ce volume devrait atteindre 50 millions de dollars à la fin de 2008. Les relations bilatérales entre Alger et Téhéran connaissent de fait un regain de dynamisme et pourraient connaître d'ici à trois années un volume d'échange qui dépasserait les 2 milliards de dollars, selon les experts des deux pays. Pour l'usage du nucléaire à des fins pacifiques En 2007, le président Mahmoud Ahmadinejad est reparti avec le soutien sans ambiguïté du président Bouteflika sur le droit de l'Iran à disposer d'une technologie nucléaire mais à des fins civiles. L'Iran avait tenu l'Algérie informée des développements de son contentieux avec l'Occident par deux émissaires de haut rang dépêchés à Alger en 2006. Ces visites avaient essentiellement pour but d'informer l'Algérie de l'évolution de la crise du nucléaire iranien et de s'assurer de son soutien et de sa solidarité.L'Algérie est favorable à la non-prolifération nucléaire et à la dénucléarisation de l'Afrique et du Proche-Orient. Elle s'est également prononcée pour l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques par les pays en développement. Le président Abdelaziz Bouteflika avait vigoureusement plaidé en faveur de l'usage par l'Afrique des technologies nucléaires au service du développement, lors de la conférence africaine sur les applications pacifiques de l'énergie nucléaire tenue à Alger au mois de janvier 2007 en présence du directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed el-Badareï. Le chef de l'Etat, tout en apportant le soutien de l'Algérie à l'Iran au droit d'acquérir la technologie nucléaire à des fins pacifiques, a jugé inadmissible que soit contrarié le droit légitime en conventionnel des pays membres du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), dont l'Iran est membre, d'acquérir les technologies nucléaires à des fins strictement civiles et de développement.L'Algérie dispose de deux réacteurs nucléaires expérimentaux en activité depuis 1995 à Draria et Aïn Oussara. Ils sont sous garantie de l'AIEA. Lors d'une visite à Téhéran en 2006, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, avait «sollicité officiellement» l'aide de Téhéran dans ce domaine.