par Fouzia Belkichi Les Algériens auront eu tout à fait raison de suivre avec la plus grande attention les fluctuations et le duel à distance entre le dollar et l'euro. Depuis plus d'un an, le recul du billet vert face à l'euro nous donne des sueurs froides. Car l'équation n'a pas d'inconnue pour notre économie : nous achetons presque tout dans la zone euro et nos recettes sont en dollars. Les effets dévastateurs de la chute du dollar ont créé une spirale dans notre économie, ce qui a induit une inflation peu maîtrisable. Après la détente estivale des prix des matières premières, l'Algérie respire un tant soit peu. Mais la mauvaise nouvelle, cette fois-ci nous vient de la décrue du prix du baril de pétrole. Toutefois, le dollar reprend des couleurs et cela nous réconforte à l'approche de la rentrée sociale et le mois de Ramadhan. La semaine dernière, les données macroéconomiques européennes se sont avérées plus inquiétantes que prévu. A présent, certains observateurs parlent de récession dans la zone. Ce jeudi, on pourrait en avoir la confirmation avec le PIB de la zone euro qui devrait entrer en territoire négatif, ainsi que les chiffres de la production industrielle, publiés mercredi. Clairement, le ralentissement américain a touché l'Europe. Au plan des devises, ceci se traduira par un recul de l'euro contre le dollar. Le rebond du billet vert reflète moins sa force que la faiblesse de l'euro. Le dollar ne peut, en effet, lui non plus, s'appuyer sur de bons chiffres économiques américains. En particulier, la faiblesse du marché de l'emploi outre-Atlantique pèse sur la monnaie américaine. Mais le billet vert devrait être soutenu durant le reste de 2008 par la politique monétaire américaine. La Fed devrait maintenir son taux directeur inchangé à 2% jusqu'à la fin de l'année. La Banque centrale américaine a, en effet, clairement signalé qu'elle adoptait un biais plus accommodant la semaine dernière. En revanche, la Banque centrale européenne (BCE) pourrait être forcée d'abaisser son taux directeur vers la fin de l'année. D'un côté, les données économiques de la zone resteront faibles, et de l'autre, la BCE aura moins de raisons de craindre la hausse des prix car les prix du pétrole se détendront, réduisant les tensions inflationnistes. La flambée du pétrole semble marquer une trêve en raison d'un effet de base favorable par rapport à son niveau de la fin de l'année dernière. Même si l'or noir se situe au même niveau qu'il y a un an, nous verrons les tensions inflationnistes se réduire. En outre, il ne devrait pas y avoir d'inflation salariale dans la zone, comme le craint la BCE. L'institut de Francfort va donc probablement abaisser son taux en décembre, puis au premier trimestre 2008, pour le porter à 3,75%. Ces tendances donnent un signal haussier sur le dollar d'ici la fin de l'année, car le différentiel de taux de part et d'autre de l'Atlantique se réduira, même si la Fed abaisse son taux à 1,75%. En outre, la croissance américaine devrait graduellement se reprendre dès le second semestre de cette année, tandis que l'Europe ne se reprendra qu'avec un certain décalage, qui recèle, quant à lui, un potentiel pour l'euro, mais à plus long terme. Nous voyons le dollar monter à 1,40 contre un euro au deuxième trimestre 2009.