la hausse de l'euro ?Les inquiétudes accompagnant, en Europe, la chute vertigineuse du dollar américain face à l'euro commencent à être partagées en Algérie. Depuis une quinzaine de jours, les titres de la presse nationale se relayent pour actionner la sonnette d'alarme et, surtout, attirer l'attention sur l'impact « attendu » sur les consommateurs de l'envolée de l'euro. La dépendance, à plus de 60%, de nos importations du marché européen est l'argument le plus souvent cité pour avancer l'éventualité d'une augmentation des prix. Les observateurs considèrent déjà comme « inévitable » un renchérissement, à court terme, des prix des biens d'équipement, des produits de consommation et des médicaments, importés essentiellement d'Union européenne. Les concessionnaires automobiles préviennent déjà, par presse interposée, qu'ils ne pourront plus maintenir leurs prix au même niveau que ceux fixés au mois dernier. L'accélération, vendredi, de la chute de la devise américaine, qui franchissait pour la première fois la barre de 1,34 dollar, a eu pour effet d'attiser les craintes et de donner du crédit aux spéculations en cours sur la hausse des prix des produits importés. L'autre motif d'angoisse a trait à la chute des prix du brut actuellement accouplée à la dégringolade du billet vert face à l'euro. Ainsi, malgré les niveaux appréciables des cours du brut (40 dollars en moyenne), enregistrés après ce recul des prix, les pays exportateurs subissent, depuis le début du phénomène, des pertes sèches non négligeables. C'est le cas de l'Algérie dont les revenus en devises proviennent essentiellement de la vente des hydrocarbures. Cette situation rare (baisse simultanée du dollar et des prix du brut) a fini par soutenir les scénarios les plus pessimistes quant aux perspectives de l'économie du pays et du pouvoir d'achat des consommateurs qui, pourtant, commençaient à reprendre des couleurs ces derniers mois. Attentifs aussi aux répercussions des fluctuations, à couper le souffle, des monnaies américaine et européenne, certains officiels ne partagent cependant pas la « crainte excessive » des acteurs de la sphère économique et de la société. Et bien que d'accord avec l'idée que certains segments de l'économie et le consommateur pourraient effectivement être pénalisés, à un certain niveau, par cette hausse de l'euro, ils estiment néanmoins que la conjoncture devient davantage favorable aux affaires. En ce sens, ils expliquent que l'envolée connue par la monnaie européenne constitue une réelle opportunité à saisir par les opérateurs publics et privés pour placer leurs produits sur les marchés local et international. La guerre que le dollar et l'euro se livrent à distance pourrait également, explique-t-on, décider les investisseurs étrangers, en particulier européens, dans leur quête de marchés moins onéreux au plan de l'investissement, à s'implanter en Algérie. La hausse de l'euro ayant eu pour effet de mettre le dinar en situation de dévaluation compétitive. D'où, mentionne-t-on, le renforcement de la campagne destinée à faire connaître les avantages du marché national. Sur un autre plan, nos sources ont tenu, par ailleurs, à relativiser les craintes des consommateurs en mentionnant l'existence d'alternatives à certaines importations d'origine européenne. A ce propos, l'on ne cache pas qu'en matière d'équipements (les inputs), l'outil économique algérien reste globalement tributaire du marché européen et qu'il sera difficile de s'en défaire. Néanmoins, dans le cas des matières premières et de certains produits finis, l'on soutient que l'Algérie a l'embarras du choix. Et fait plutôt rare, même les patrons ont plutôt tendance à se ranger du côté de cet avis.