Le deuxième sommet de la Finance islamique s'est ouvert mardi à Balaclava (nord) sous l'égide du Board of Investment (BOI) de l'île Maurice.Animée par une dizaine de conférenciers de renommée internationale, dont Joseph A. DiVanna, directeur général de Maris Strategies Ltd., la rencontre s'inscrit dans le cadre de la stratégie du gouvernement mauricien de faire de l'île un centre financier international.Le Dr Sen Narrainen, conseiller économique auprès du ministère mauricien des Finances, a rappelé, à cette occasion, les trois objectifs de son ministère qui, a-t-il dit, sont de dynamiser davantage le secteur des services financiers local, de contribuer activement à la création d'un système financier inclusif et d'aider à l'accroissement des exportations des services financiers.Selon lui, le gouvernement est convaincu que la finance islamique peut contribuer de manière significative au renforcement du dynamisme que connaît le secteur financier local."Nous espérons que la finance islamique va enrichir le paysage financier en s'ajoutant à la diversité d'institutions qui existent à Maurice et en augmentant de manière significative le choix des outils offerts à la clientèle de la micro finance, aux grandes corporations et aux clients étrangers", a-t-il déclaré. M. Narrainen a dit espérer que la finance islamique, plus particulièrement les services bancaires islamiques, vont aider à la mise en place d'un système financier inclusif qui est crucial à Maurice qui veut élargir le cercle des opportunités et voir s'améliorer la distribution des richesses."Le gouvernement espère que les services bancaires islamiques vont soutenir les petites et moyennes entreprises", a-t-il fait ressortir, avant d'ajouter que le gouvernement est prêt à mettre en place l'infrastructure de support nécessaire et proposer les mesures incitatives adéquates pour que la finance islamique se développe à Maurice.Pour sa part, le directeur de la Financial Services Commission, Milan Meetarbhan, a dit que Maurice doit pouvoir offrir des services financiers islamiques en vue de compléter la gamme de produits proposés par le centre financier mauricien. Selon lui, la finance islamique aidera également l'Ile dans la diversification de ses marchés d'exportation.Il faut dire que la finance islamique est encore faible en Afrique malgré les 412 millions de musulmans qui constituent plus de 50% de la population globale estimée à 850 millions d'habitants. La faiblesse du degré du développement de la finance islamique sur le continent africain mesurée à l'aune des 412 millions de musulmans, servis par 37 banques gérant 18 milliards de dollars américains (soit une part de marché de moins de 8%) s'explique par l'approche africaine et une méconnaissance de la banque islamique. "En Afrique, on connaît plus la banque commerciale que la finance commerciale", selon le responsable du crédit immobilier international pour la finance islamique au sein de Moody's, Hassoune Anouar. L'Afrique du Nord, forte de 156 millions de musulmans, tire cependant le meilleur profit que le reste du continent. Elle absorbe à elle seule 6 milliards de dollars du montant global, grâce aux investissements rentables en infrastructures. "Le Maroc, la Tunisie, la Libye et l'Algérie, qui sont en situation de désendettement aujourd'hui, ont recommencé à faire valoir leurs perspectives de ré-endettement vis-à-vis du monde musulman en émettant des obligations (sukuken finance islamique). Avec ces fonds levés auprès des investisseurs du Golfe du sud-est asiatique, ils ont recyclé cette partie de liquidité dans des investissements en infrastructures", explique M. Hassoune. Le Soudan reste cependant le marché phare avec 22 banques islamiques dans le nord du pays avec près de 10 milliards d'actifs conformes à la Charia. L'Afrique subsaharienne, bien qu'accueillant des banques islamiques de "manière ouverte", est jugée "encore timide" par le spécialiste de la finance. Il reste cependant convaincu que les pays de cette région d'Afrique peuvent imiter ceux du Nord du continent, et aller au-delà, notamment dans le financement de l'immobilier, de l'automobile, la consommation et dans le secteur de la microfinance. "Trois postes de financement à savoir celui de l'immobilier, de l'automobile et de la consommation peuvent permettre à la finance islamique de prendre pied en Afrique. Quand on dit financement de la consommation et l'immobilier, ce n'est pas uniquement pour les populations les mieux loties, c'est aussi la micro-finance", estime-t-il. "On doit donc rajouter la dimension micro-finance au financement des particuliers pour une raison simple que les populations musulmanes sont très sensibles à l'argument religieux ; le micro-crédit conforme à la Charia constitue une alternative intéressante. L'Afrique du Sud et le Kenya (qui compte la plus forte minorité de musulmans en Afrique) ont déjà attiré des banques communautaires. Par ailleurs, l'Ile Maurice et la Tanzanie sont des marchés prometteurs", estime encore M. Hassoune.Malgré sa faiblesse sur le continent, la finance ambitionne d'engranger 235 milliards de dollars, soit 92 % du marché africain.