Créer une intégration et une cohabitation entre l'éleveur et l'industriel, est l'axe principal de la nouvelle politique de la loi sur l'orientation agricole en Algérie. Selon le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa l'objectif du nouveau dispositif que les pouvoirs publics ont mis en place est de fusionner les deux secteurs. Un soutien et des aides particulières sont ainsi prévus par la tutelle. Parmi les plus importantes décisions prises, l'on note celle ayant ciblé la filière lait. Désormais, les importations des génisses sont ouvertes à tout opérateur désireux de se lancer dans ce créneau. Le département de M. Benaïssa est prêt à encadrer ces opérations sur les plans sanitaire et qualité. La tutelle décide de ne se préoccuper que de la poudre de lait à importer. Or, le rôle du secteur est de développer l'élevage local. La grande problématique à laquelle fait face le ministère c'est comment intégrer le maximum de quantités de lait de production locale dans les laiteries ? Ceci constitue l'un des challenges qui attendent l'équipe de Rachid Benaïssa. À ce propos, la priorité, donc, c'est de créer des liens très étroits et des partenariats plus solides entre les acteurs de la production laitière, à savoir l'éleveur et l'industriel. Les objectifs industriels sont clairs. Il s'agit de la réduction du budget des importations de la poudre de lait par l'amélioration de la qualité et du rendement, ainsi que la réduction des dépenses dont les frais de stockage. Le résultat attendu est le rapport coût /qualité. Ceci va permettre aussi de consolider la production nationale d'une part, et, d'autre part, limiter le recours à l'importation de la matière première et l'influence du marché international sur le fonctionnement de la filière laitière algérienne, afin d'assurer la sécurité alimentaire, et préserver la souveraineté nationale. La valeur annuelle des importations des laits et produits laitiers est estimée à 700 millions de dollars. L'expérience de ce genre de partenariat a été conçue par le leader mondial Danone. En effet, depuis son installation en 2001 dans notre pays, Danone Algérie, filiale du géant français des produits laitiers, a réussi à coup d'opérations commerciales et de marketing très poussées, mais aussi en misant sur sa tradition d'excellence en matière de qualité, à accaparer 40% des parts du marché algérien. En outre, Danone Algérie a courtisé des partenariats avec les éleveurs en leur offrant des aides financières et matérielles, en contrepartie de la collecte de lait. La forte pression est exercée sur le lait frais par les producteurs de yaourt. Le cas de Danone est particulier, cette entreprise offre des conditions avantageuses aux producteurs pour encourager la collecte. C'est dans ces conditions que la zone de Sétif/Béjaïa a été choisie, car tous les marchés régionaux se valent pour les raisons précédemment citées. Akbou (wilaya de Béjaïa) est une place forte des produits dérivés du lait ; la wilaya dispose d'importantes margarineries. Cette zone semble se distinguer en termes de production de lait frais. Par ailleurs, la situation critique où se trouvait le Groupe Giplait, à la fin de l'année 2006, le découvert bancaire auprès de la Badr s'élevait à 34 milliards de DA aggravés, chaque exercice, de 3 milliards de DA de déficit annuel. 13 filiales sur 18 sont en situation d'actif net négatif. Il faut savoir également que la banque finance l'exploitation de Giplait sur découvert, conformément aux instructions du gouvernement. Les raisons du déficit de cet opérateur public sont connues ; cette situation est due essentiellement à la forte envolée des prix de la poudre de lait, en l'espace de 2 ans, sur le marché mondial. Il serait intéressant pour les groupes publics également de s'intégrer dans une logique de partenariat éleveurs-industriels. Ce genre de partenariat devrait également procurer des gains importants aux producteurs privés locaux.