Le ministre russe de l'Industrie et de l'Energie, Viktor Khristenko, effectuera du 19 au 22 de ce mois, une visite en Algérie. Cette visite s'inscrit dans le cadre de l'approfondissement de la coopération entre les deux pays, notamment dans le secteur de l'énergie. Le ministre russes, qui sera accompagné de quinze de ses proches collaborateurs ainsi que des patrons des grandes entreprises pétrolières russe à l'instar de Gazprom, signera à l'occasion avec son homologue algérien, M. Chakib Khelil, un protocole d'accord dans le domaine de l'énergie. M. Khristenko effectuera, par ailleurs, des visites aux niveaux d'installations gazières, notamment Hassi R'mel et Arzew. Annoncée de la sorte, cette visite ne peut que susciter de l'intérêt, si ce n'est de l'inquiétude, de l'autre côté de la Méditerranée. En effet, l'Europe a toujours été attentive à tout rapprochement entre ses deux plus grands fournisseurs d'énergie. Pour rappel, l'alliance Sonatrach (Algérie)- Gazprom (Russie), créée le 4 août dernier à Moscou, avait effrayé une Europe consciente de sa dépendance énergétique. Des vives et curieuses réactions ont fait suite à cet événement. Les Européens ressortaient des tiroirs, l'idée de la création d'un "cartel du gaz", qui serait tiré par un "axe algéro-russe" fort. Cette hypothèse avait été avancée par les experts européens, suite à la visite de Vladimir Poutine en Algérie, au mois de mars dernier, et la signature dans ce cadre de différents accords, notamment dans le domaine énergétique. Ces accords de coopération intervenaient moins de deux mois après la crise gazière ukraino-russe. Saisie par certains états membres, la Commission européenne avait annoncé qu'elle étudiait les "implications" que pourrait avoir l'accord signé entre Sonatrach et Gazprom sur sa stratégie énergétique. La Russie, grande productrice de pétrole et de gaz, est devenue un fournisseur incontournable et inquiétant pour les Européens. La "guerre du gaz" russo-bélarusse, en ce début d'année, aura fait prendre conscience à l'Union européenne que le contentieux, né de la crise russo-ukrainienne de l'année passée, n'est pas encore réglé. Dans sa quête de diversification de ses sources d'approvisionnement, l'Europe avait particulièrement manifesté son intérêt à l'établissement d'un partenariat énergétique davantage solidifié, et prôné un dialogue renforcé avec l'Algérie. Cet intérêt envers l'Algérie a permis au gaz algérien de renforcer sa place au niveau de l'UE. Il faut savoir que l'Algérie assure 30% des importations européennes en gaz naturel, volume en voie d'augmentation avec le doublement des gazoducs desservant l'Espagne et l'Italie, et des plates-formes de Zeebrugge et Rotterdam, qui traitent une grande part des exportations gazières vers l'Europe. La nouvelle politique européenne de l'énergie, adoptée au mois de mars de l'année dernière par le Conseil européen, reconnaît à l'Algérie "un rôle stratégique croissant" notamment en matière de gaz naturel liquéfié (GNL), une des priorités de la politique énergétique européenne. Dans un contexte mondial " marqué par la question énergétique " chaque pays s'attelle à préserver ses intérêts. L'Algérie a, à maintes reprises, réaffirmé sa volonté à contribuer à la sécurité énergétique de l'Europe et que les accords, qu'elle a établi avec Gazprom ne diffère pas de ceux qu'elle a conclus avec d'autres entreprises. La clarté de la position algérienne sur le sujet contrastait mal, par contre, avec les positions des pays européens qui s'apparentaient plus à de l'ingérence dans les affaires intérieures d'un pays tiers.