L'Amérique latine risque de basculer dans une crise majeure, après l'expulsion des ambassadeurs américains de Bolivie et du Venezuela. En effet, le président Bolivien, Evo Morales, a annoncé, mercredi, avoir ordonné l'expulsion de l'ambassadeur des Etats-Unis, Philip Goldberg, qu'il a accusé de soutenir l'opposition conservatrice et de fomenter la division de la Bolivie. "Celui qui cherche la division de la Bolivie, c'est l'ambassadeur des Etats-Unis", a déclaré le président au Palais du gouvernement. Le président Morales a condamné la flambée des violences, dont les tentatives de sabotage contre deux gazoducs, déclenchées par l'opposition dans plusieurs régions du pays. "Nous ne voulons pas de séparatistes, nous ne voulons pas de gens qui conspirent contre l'unité et contre la démocratie", a dit Morales. "Je demande au ministre des Affaires étrangères de la République, d'adresser aujourd'hui une lettre à l'ambassade des Etats-Unis, intimant M. Goldberg à retourner d'urgence dans son pays", a dit le président Morales. Le chef de l'Etat de la Bolivie a surtout déclaré : "Sans avoir peur de l'empire des Etats-Unis, je déclare M. Goldberg personna non grata". Le président Hugo Chavez a apporté son soutien au président bolivien. "Le président Morales se trouve à la tête de son peuple, défendra la souveraineté de la Bolivie et nous serons avec lui", a précisé le président vénézuélien, Hugo Chavez. Chavez, revient un peu en arrière pour rappeler que la crise que traverse actuellement la Bolivie est similaire à celle ayant précédée la tentative de coup d'Etat qui l'avait écarté du pouvoir durant deux jours en avril 2002. Evo Morales, premier président indigène de l'histoire de la Bolivie, tenant de l'anti-libéralisme, est confronté depuis des mois à la fronde de cinq des neuf gouverneurs provinciaux, qui refusent un projet de constitution qualifiée d' "étatiste et indigéniste". Ce projet doit être soumis à un référendum le 7 décembre prochain. Depuis mardi, des manifestations émaillées de violence, notamment de la part de groupes d'étudiants, ont éclaté dans les provinces de Santa Cruz et Tarija en soutien aux gouverneurs autonomistes de ces régions. Une explosion qualifiée d'"acte terroriste" par les autorités boliviennes, a endommagé mercredi un gazoduc du sud de la Bolivie alimentant le Brésil. Les Etats-Unis ont décidé jeudi de leur côté d'expulser l'ambassadeur de Bolivie à Washington, en réponse à l'expulsion de leur ambassadeur à la Paz. Le président vénézuélien, Hugo Chavez, a décidé d'expulser l'ambassadeur américain à Caracas, sous les 72 heures. Chavez entend de la sorte soutenir le geste du président bolivien Evo Morales, qui avait lui-même renvoyé l'ambassadeur des Etats-Unis à la Paz, l'accusant de fomenter des actions néfastes, alors même que le pays traverse une grave crise politique. Le président Chavez, qui a également menacé de suspendre les fournitures de pétrole vers les Etats-Unis, a conditionné l'envoi d'un nouvel ambassadeur à un changement de président aux Etats-Unis. Il accuse les Etats-Unis d'un nouvel assaut impérialiste et demande l'ouverture d'une enquête à propos d'une tentative de coup d'Etat et d'assassinat orchestrés, selon le chef de la diplomatie vénézuélienne, par la Maison- Blanche. Ce complot mis au jour mercredi au Venezuela, vise le président Hugo Chavez. Un allié proche de Chavez, Mario Silva, qui anime une émission à la télévision d'Etat, a diffusé l'enregistrement d'une conversation téléphonique des conspirateurs présumés parlant de leur projet de renverser Chavez. Silva a déclaré que le vice-amiral Carlos Millan figurait parmi les conspirateurs ainsi que deux autres anciens officiers de la Garde nationale et de l'armée de l'air.