Après le bras de fer, c'est le conflit entre Washington et ses voisins latinos socialistes. Bien que partant incessamment, Bush met le feu dans deux pays particulièrement antiaméricains, la Bolivie et le Venezuela. Retour à la guerre froide avec en toile de fond le réveil de l'ours russe en Europe. Moins de 24 heures après avoir expulsé l'ambassadeur de Bolivie, Washington a décidé vendredi de renvoyer dans son pays l'ambassadeur du Venezuela. Ces mesures sont la riposte diplomatique aux décisions d'Evo Morales et d'Hugo Chavez d'expulser les ambassadeurs américain à la PAZ et Caracas. Le président vénézuélien devait en effet soutenir son homologue bolivien en décidant d'expulser l'ambassadeur des Etats-Unis au Venezuela. La veille, Evo Morales, son ami et allié politique, avait décidé de renvoyer l'ambassadeur américain à La Paz, accusé d'alimenter la division et le séparatisme dans une Bolivie subissant une grave crise politique. “Allez au diable, Yankees de merde, nous sommes un peuple digne”, a lancé le charismatique Chavez qui se pose en rassembleur du continent sud-américain. Hugo Chavez a en outre menacé d'une intervention militaire si Evo Morales venait à être renversé par la force. “Ca nous donnerait le feu vert pour tout type d'opération nécessaire afin de restaurer le pouvoir du peuple”, a-t-il averti. En Bolivie, la rupture avec Washington s'est immédiatement traduite par des manifestions violentes entre opposition et partisans de Morales. Les manifestations contre les projets du président bolivien de réformer la Constitution et de redistribuer les revenus du gaz qui durent depuis deux semaines ont pris un tour violent dans les provinces de l'est, riches en ressources énergétiques. Les partisans de l'opposition ont investi bâtiment public, bloqué des routes et occupé des champs gaziers. Des battes, des machettes et des pistolets ont été utilisés lors d'affrontements avec des sympathisants du président de gauche. Au moins huit personnes ont été tuées et 20 autres ont été blessées dans des combats de rue. Les manifestants veulent que Morales annule le référendum prévu le 7 décembre prochain et qui porte sur une nouvelle Constitution qui centraliserait le pouvoir, permettrait au président de briguer un second mandat consécutif et autoriserait le transfert des terrains en jachère à des paysans sans terres. Le gazoduc qui alimente le Brésil, la moitié des exportations de gaz naturel vers le premier client de la Bolivie est saboté, tandis que certains aéroports régionaux ont été fermés. American Airlines a suspendu tous ses vols à destination de la Bolivie. L''ambassadeur des Etats-Unis à La Paz a été renvoyé au motif qu'il a rencontré l'une des principales figures d'opposition, Ruben Costas, le gouverneur de la province de Santa Cruz. Ce qui a été considéré comme une ingérence intolérable par Morales. En signe de solidarité avec le président indien, le président vénézuélien a rappelé son ambassadeur à Washington et ordonné à l'ambassadeur des Etats-Unis à Caracas de quitter le pays. Chavez a également menacé de suspendre les livraisons de pétrole brut vénézuélien en cas d'agression américaine contre son pays, rappelant que les Etats-Unis avaient déjà tenté de le renverser en 2002. Le président vénézuélien a par ailleurs ordonné une réduction des vols des compagnies américaines à destination de Caracas en réaction à des propos de l'administration américaine sur le manque de sécurité dans les aéroports vénézuéliens. American Airlines, Delta Airlines et Continental assurent de nombreuses liaisons entre Caracas et les villes de Miami, Atlanta et Houston. D. B.