L'Ecole normale supérieure (ENS) de Constantine, créée en 1998 en même temps que celles d'Alger et d'Oran, est aujourd'hui plus sollicitée par les bacheliers que les branches médicales, affirme son directeur, Mohamed Reghioua. Les conditions d'accès à la formation au sein de l'établissement qui sont des plus sévères, ne semblent pas dissuader les candidats qui y affluent d'aussi loin que Tamanrasset et d'Adrar, l'Ecole étant à caractère régional ou semi-national pour la formation des enseignants de Lettres et des Sciences humaines.Les candidats à une formation dans cet établissement doivent, en effet, justifier d'une moyenne de 14,5 et plus au baccalauréat et réussir à un test psychotechnique destiné à évaluer leur culture générale et surtout leur niveau de motivation à exercer le dur métier d'enseignant, véritable sacerdoce pour qui veut l'accomplir comme il se doit. Pour cette rentrée, sur 972 candidats, 672 ont pu réussir au test, indique M. Reghioua qui relève, à ce propos, que le manque de motivation pour le métier d'enseignant constitue le "motif principal d'échec au test estimé à 30% du nombre global de candidats". Les gens s'étonnent de ce taux élevé d'échec "parce qu'ils ne savent généralement pas que nos tests psychotechniques accordent une grande importance à la motivation du postulant", explique le premier responsable de l'établissement avant d'affirmer que "beaucoup parmi les candidats sont en fait peu motivés par le métier d'enseignant et n'ont choisi l'ENS que pour la sécurité de l'emploi ou sur pression familiale comme c'est le cas pour bon nombre de candidats de sexe féminin". Les ENS de Constantine, d'Alger et d'Oran figurent, en effet, parmi les seuls établissements pédagogiques à garantir l'emploi à leurs diplômés, leurs étudiants étant contractuellement liés avec le ministère de l'Education nationale. Cet avantage de taille a fait que cette année, à l'ENS de Constantine, le nombre de nouveaux étudiants représente plus que le double des sortants, obligeant les responsables de l'établissement à recourir à des aménagements et autres solutions palliatives pour créer des salles de classes supplémentaires, nécessaires à l'accueil du surnombre en attendant la réalisation des locaux définitifs de l'école prévus au sein de la future ville universitaire de Constantine. En attendant cette grandiose réalisation, où il a été prévu quelques 4.000 places pédagogiques pour l'ENS, celle-ci installée actuellement dans une ancienne résidence universitaire, multiplie les initiatives pour rendre son campus plus fonctionnel et plus agréable. Outre de nouvelles constructions qui sont venus la doter, en 2002, d'une bibliothèque et de deux amphithéâtres de nouvelle génération, des aménagements entrepris cette année vont "redessiner" l'aspect de l'Ecole déjà bien servie par un terrain d'assiette qui fait la part belle aux espaces verts. La bâtisse qui abritait des logements d'astreinte a été récupérée et transformée en une pimpante villa où seront logés les différents services administratifs, complétant ainsi, peu à peu, les structures de l'école où seront également lancés, prochainement, les travaux d'un restaurant universitaire autonome.Les aménagements entrepris cette année ont également permis de doter l'école d'une très sophistiquée salle de visioconférence, entièrement équipée de matériel de dernière génération qui lui permet ainsi d'aborder l'ère de téléenseignement dans lequel elle compte s'engager avec assurance. L' ENS de Constantine, connectée à un réseau Internet gratuit aussi bien pour les enseignants que pour les étudiants, accorde en effet une importance capitale aux possibilités offertes par les nouvelles technologies de l'information, selon son directeur. La mise à niveau des professeurs d'enseignement moyen (PEM) en poste, assurée depuis 2005 par l'ENS de Constantine pour les matières d'histoire, géographie et anglais, en vertu d'une convention signée entre le ministères de l'Education nationale et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, va connaître un nouveau tournant avec le lancement imminent de l'enseignement en ligne.L'établissement qui a bénéficié du programme de formation "Tempus IDEA" (Tempus est un instrument de l'Union européenne d'appui à la modernisation des systèmes d'enseignement supérieur de plusieurs pays partenaires dont ceux du pourtour méditerranéen, ndlr), au même titre que huit autres établissements de l'enseignement supérieur dans le pays, va pouvoir disposer de sept experts en nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC), actuellement sur le point d'achever une formation dans le cadre de ce programme euro-méditerranéen. Aux ressources humaines vient s'ajouter l'acquisition de matériels adéquats, notamment l'équipement récent de l'établissement avec un serveur doté de la plate-forme "accolade", conçue pour la mise à niveau des enseignants de l'éducation nationale, laisse présager un nouveau tournant pour l'Ecole à l'orée de sa 10e année d'existence, estime son premier responsable montrant avec fierté la luxueuse salle de visioconférence qui vient d'être fraîchement aménagée dans une aile de l'Ecole. Toujours dans le sens de l'amélioration de la qualité, des spécialistes du "Fonds Spécial Prioritaire" (FSP), un programme européen qui vise à améliorer la formation des formateurs en langue française, sont à pied d'oeuvre pour entamer une formation de professeurs référents de l'ENS qui vont, à leur tour, se démultiplier pour assurer la formation d'autres formateurs dans cette langue. L'ENS de Constantine, qui a initié et abrité les 17et 18 mai dernier un séminaire national sur la révision des programmes des ENS et dont les recommandations sont actuellement soumises à la tutelle pour validation, envisage également d'ouvrir progressivement en son sein, des filières scientifiques et techniques en fonction des moyens disponibles. La spécialisation actuelle des écoles normales du pays qui a donné l'exclusivité de la formation dans les branches scientifiques et techniques à Alger et Oran, laissant à Constantine les Lettres et les Sciences humaines, n'a pas eu que des bons côtés, estime-t-on ici. L'éloignement que cette spécialisation impose s'avère en effet pénalisant pour bon nombre de candidats, de sexe féminin notamment. Ce sont ces dernières rappelle-t-on, qui forment le plus gros des postulants à une formation dans l'enseignement comme l'illustre l'effectif actuel de l'ENS de Constantine composé à 90% d'étudiantes.