Les prix du pétrole ont connu une flambée sans précédent lundi à New York, bondissant de plus de 16 dollars dans cette seule journée, pour finir à 120,92 dollars. Le baril de "light sweet crude" pour livraison en octobre, dont c'était le dernier jour de cotation, a fini à 120,92 dollars, en hausse de 16,37 dollars par rapport à la clôture de vendredi. Il est monté en séance à 130,00 dollars et a bondi de presque 30 dollars (plus de 30%) par rapport à son cours de clôture de mardi dernier, journée au cours de laquelle il avait touché son plus bas depuis des mois. "C'est une hausse sans précédent", avait estimé Antoine Halff, de Newedge Group."L'annonce d'une baisse des approvisionnements saoudiens aux majors pétrolières, les troubles au Nigeria et des importations chinoises (de brut) plus importantes qu'attendu ont soutenu les cours", admet-il, mais "ils ne constituent pas des raisons (suffisantes) pour une flambée jusqu'à 130 dollars en une seule après-midi". Ce chiffre énorme est en grande partie dû à l'expiration du contrat pour livraison en octobre, ont expliqué les analystes. Pour une raison encore peu claire, des acteurs du marché se sont trouvés à court lors du dernier jour de cotation du contrat et ils ont été contraints de racheter du brut au prix fort pour honorer leurs engagements. Pour preuve, les prix pour livraison en novembre se sont appréciés lundi dans des proportions bien moindres: ils ont gagné 6,62 dollars, finissant à 109,37 dollars. Autre facteur renforçant les tensions sur le contrat d'octobre, les stocks de brut sont très bas aux Etats-Unis en raison des interruptions de productions dus au passage des ouragans Gustav et Ike, a expliqué M. Halff. "Une proportion considérable de la production du golfe du Mexique reste hors service depuis le passage de l'ouragan Ike", a souligné Mike Fitzpatrick, de MF Global. Selon le ministère américain, la production américaine du golfe du Mexique (1,3 million de barils de brut par jour), perturbée depuis trois semaines, n'avait repris lundi qu'à hauteur de 23,4%. Par ailleurs, la flambée a été accentuée par le manque de liquidité sur le marché en raison de la crise financière. Ainsi, alors que récemment la crise financière était avancée pour expliquer la baisse des cours, les craintes sur l'économie entraînant des baisses de la consommation, c'est cette même crise qui sert d'explication pour cette hausse historique. Et cette fois-ci ce serait le manque de liquidités sur les marchés qui inquièterait les investisseurs, faisant de nouveau gonfler la facture pétrolière. Après cette séance peu ordinaire, suscitant des doutes sur le bon fonctionnement du marché, le président du régulateur américain des marchés de matières premières (CFTC), Walter Lukken, a d'ailleurs réagi dès lundi soir en déclarant qu'il "(surveillait) de près ce mouvement de prix très important". Il a laissé la porte ouverte à l'ouverture d'une enquête en indiquant "travailler en étroite collaboration avec les régulateurs du Nymex afin de s'assurer que personne ne tirait profit des tensions sur cette place financière pour s'assurer des gains personnels" en manipulant le marché. Toujours est-il, le marché pétrolier, comme les autres, attend les détails du plan de sauvetage du secteur financier américain, notamment à l'occasion de l'audition du président de la Réserve fédérale des Etats-Unis et du secrétaire au Trésor, Ben Bernanke et Henry Paulson, par la Commission bancaire du Sénat américain. Selon les textes de leurs déclarations préliminaires, Paulson va demander au Congrès de ne pas ralentir la mise en œuvre de ce plan de 700 milliards de dollars et Bernanke va aussi plaider pour des mesures immédiates en insistant sur les "tensions extraordinaires" auxquelles sont soumis les marchés financiers.