par Lyès Bensid De 1929 à 2008, six décades ou presque se sont écoulées. Six décades qui marquent un cycle de l'économie mondiale, le début d'un modèle et sa fin. Cette semaine les deux dernières banques d'affaires américaines (Morgan Stanley et Goldman Sachs) ont renoncé à leur statut. Leurs compères Bear Stearns et Merrill Lynch se sont vite fait absorber pour éviter la catastrophe. Quant à la dernière de ces spécialistes des placements financiers, Lehman Brothers en l'occurrence, celle-ci n'aura pas échappé à la faillite. La crise des subprimes version 2008 a donc donné le coup de grâce aux banques d'investissement. Pourtant, le statut de banque d'investissement avait été créé après le krach de 1929 pour séparer les activités de banques d'investissement et celles de banque de dépôts pour éviter, précisément, que pareille catastrophe bancaire se reproduise. Autre ironie de l'histoire, le krach de 1929 a donné de l'eau au moulin de John Maynard Keynes qui prônait l'intervention de l'Etat dans l'économie. En 2008, l'ampleur qu'a prise la crise des subprimes a forcé l'Etat le plus libéral au monde à intervenir pour sauver l'assureur AIG et à penser à injecter 1 000 milliards de dollars pour éviter la faillite du système bancaire américain. Au-delà de la fonction de rappel, cette petite rétrospective démontre à quel point l'humanité ne cesse d'errer dans une boucle, un cercle vicieux. Ne dit-on pas que l'Histoire est un éternel recommencement ? Aujourd'hui cela se confirme. En 1929, le monde a vécu la plus grande crise économique de son histoire ! La spéculation à outrance, les crédits non remboursés, l' Europe encore très affaiblie, les USA où rien ne manque sauf les acheteurs car tout le monde a déjà tout ou presque . Une situation qui pourrait être assimilée à s'y tromper à ce que vit l'économie mondiale aujourd'hui. La fin d'un modèle ? Pas si sûr. L'histoire nous l'a démontré et les libéraux entretiennent cet état de fait. Le capitalisme croit selon un cycle inscrivant une courbe de croissance suivie d'une phase de maturité, puis arrive le déclin. Les crises sont essentielles pour ajuster les systèmes et assurer la pérennité du capitalisme m'avait-on dit un jour. Mais le prix est bien trop cher payé pour assurer la continuité de l'opulence et de l'arrogance des enfants terribles du capitalisme débridé quelle que soit sa forme.