C'est aujourd'hui que se clôture la troisième édition du Festival national de la musique chaâbie après sept jours d'auditions et de spectacles qui ont rassemblé un nombre impressionnant de férus de ce genre au Théâtre national, Mahieddine Bachtarzi.Le jury composé de professionnels donnera son verdict ce soir concernant les prestations de la trentaine de candidats venus de toutes les régions du pays pour participer à cette compétition lyrique institutionnalisée par le ministère de la Culture depuis sa première édition. Il ne sera pas donc aisé pour les membres du jury d'élire sept lauréats parmi la trentaine de candidats qui se succédés sur scène en compagnie d'un orchestre tout aussi trié parmi les amateurs de quelques régions du pays. Tout au long de ce rendez-vous qu'a présenté l'ex-animateur télé, Mourad Zerrouni, les candidats ont donné le meilleur d'eux même afin de respecter à la lettre les critères artistiques d'une musique résolument populaire.Parmi les musiciens de l'orchestre, sélectionnés eux aussi parmi un tas de candidats qui s'étaient présentés des quatre coins du pays, se trouvent deux jeunes filles. Deux artistes en plein dans cet arène réservé exclusivement aux hommes, qui jouent harmonieusement avec leur Qanoun et leur violoncelle qui témoignent encore une fois que rien n'est statique dans cette forme d'expression lyrique. Autre symbole fort cette fois-ci : la présence dans l'orchestre, de cheikh Namous, un artiste qui a 88 ans mais qui continue à monter sur scène, façon aux organisateurs de dire, que point d'âge pour faire de l'art. “Nous avons exigé de chaque candidat qu'il déclame par cœur son texte” précise Abdelkader Bendamèche, commissaire depuis trois ans du festival qui ajoute “les candidats que nous avons retenu grâce à des présélections effectuées dans les villes de l'intérieur du pays, se soumettent volontiers à l'esprit de rigueur que nous avons inculqué à ce festival”. Comme dans sa tradition depuis le début de cette rencontre qui a rendu un hommage à Fadhéla Dziria, ce festival honore cette année à titre posthume Mohamed El Badji. Les textes des chants chaâbis sont repris dans des recueils pour assurer leur pérennité. Bien mieux, ces textes sont distribués au public dans la salle afin de l'associer aux hautes valeurs et à la poésie que véhicule ce genre artistique, un des trésors de notre patrimoine culturel. Tous les soirs, pas moins de quatre candidats sont auditionnés en présence du public et des membres du jury sur la scène qui suivent attentivement la manière de rendre une poésie populaire dans son “Qanoun ” authentique. C'est ainsi que Sayah Sid Ahmed de Miliana, a interprété une chanson intitulée Yal Achik du poète Ben Abbès tandis que Boumali Kamel de Souk Ahras a chanté Bark Annou (éclairs et pluie), de Abdelaziz Al Ouazani. Un autre candidat Rabhi Mohamed Redha, de Annaba cette fois-ci a choisi quand à lui d'interpréter la chanson Zoudma Fi H'mak de Abdelhadi Benani. Mais son concurrent Kherbache Abdelmadjid de Béjaïa, a repris Mendouza de Hadj M'hamed El Anka.Parallèlement à ces soirées du festival, se tiennent d'autres activités et représentations en off, qui n'entrent pas dans le cadre du concours: une rubrique intitulée El Qassid, animée par M.Haoua Abdelmoumène, une exposition de photographies consacrée aux grandes figures de la musique chaâbie telles que Hadj M'Hamed El Anka, El Hachemi Guerrouabi, Hadj M'Rizek, Hadj M'Nouar, Skandrani, Cheikh El Hasnaoui, H'ssissen et Mahboub Bati. Les heureux élus de cette compétition lyrique seront donc connus ce soir et auront à s'envoler par la suite de leurs propres ailes avec quelques sous en poche et une grande réputation pour commencer.