Le Proche-Orient, où l'accord de paix escompté entre Israël et les Palestiniens reste fuyant à l'approche de l'échéance de fin 2008, a été vendredi à l'ONU au centre d'une intense activité diplomatique. Le Conseil de sécurité, réuni au niveau ministériel à la demande du groupe arabe, a débattu de la colonisation juive dans les territoires palestiniens, principal pierre d'achoppement dans les négociations israélo-palestiniennes relancées en novembre 2007 à Annapolis, près de Washington, avec l'objectif d'aboutir en 2008. "La poursuite de la colonisation rend impossible la création d'un Etat palestinien viable", a déclaré le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al-Fayçal. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a pour sa part affirmé lors du débat, qui n'a pas été sanctionné d'un vote, que la colonisation "a atteint un point susceptible de tuer tout espoir d'un Etat palestinien viable". Le président palestinien Mahmoud Abbas a expliqué, cartes à l'appui, que les principaux blocs de colonies "ne permettront pas la création d'un Etat palestinien, puisqu'ils divisent la Cisjordanie en quatre cantons". "L'alternative à la paix, c'est de voir la région plonger de nouveau dans le cycle meurtrier de la violence", a-t-il averti. M. Abbas a ensuite pris la parole devant l'Assemblée générale de l'ONU pour proclamer son rejet de tout accord partiel avec Israël sous la pression du facteur temps. "Nous allons tenter de réaliser autant de progrès que possible dans les négociations en cours avec les Israéliens d'ici à la fin de l'année, en tenant compte des expériences du passé", a-t-il dit. "Lorsque je parle des expériences du passé, c'est pour dire que les règlements partiels ou provisoires, qui omettent ou reportent certains dossiers essentiels, ne sont pas viables et laissent intactes les racines du conflit, anéantissant ainsi tout progrès accompli sur le chemin de la paix", a-t-il précisé. La poursuite de la colonisation a aussi été épinglée par le Quartette international sur le Proche-Orient, réuni au niveau ministériel au siège de l'ONU. Ce groupement --Etats-Unis, Union Européenne, Russie, ONU-- a exprimé sa "profonde préoccupation devant les activités accrues de colonisation, qui ont un impact négatif sur le climat des négociations et entravent le redressement de l'économie" palestinienne. Il a appelé l'Etat hébreu "à cesser toutes les activités de colonisation, y compris celles liées à la croissance naturelle, et à démanteler les avant-postes (colonies sauvages) construites depuis mars 2001". Malgré l'absence de progrès, le Quartette a exhorté Israël et les Palestiniens à déployer "tous les efforts nécessaires" pour conclure un accord en 2008 portant "sur toutes les questions de fond sans exception". La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a affirmé à la presse que le processus lancé à Annapolis était "robuste" et "rapprochait les parties de leur objectif". "Je pense qu'une chance existe toujours pour qu'ils parviennent à un accord", a-t-elle ajouté. Pour suivre ces négociations, le Quartette "sera informé de leur avancement" lors d'une réunion avec les parties dans la région "avant la fin de l'année", a précisé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Outre l'absence de percée, l'incertitude sur l'issue des négociations a été renforcée par les bouleversements politiques en Israël où le Premier ministre Ehud Olmert, mis en cause dans des affaires de corruption, a été amené à démissionner et devrait être remplacé par la chef de la diplomatie Tzipi Livni. En marge des réunions à l'ONU, M. Abbas s'est entretenu dans la journée avec le président israélien Shimon Peres, qui avait estimé la veille qu'un accord avec les Palestiniens pourrait être conclu "l'année prochaine".