PAR Ahmed Medjahdi La mise en avant par les pays occidentaux de la menace que constituerait l'Iran devenue puissance nucléaire pourrait être perçue comme une opération excentrée par rapport à la manœuvre principale qui serait celle d'empêcher la majorité des pays du tiers monde d'accéder à la maîtrise des capacités d'enrichissement de l'uranium, c'est-à-dire à accéder à l'autonomie complète de la production d'énergie à partir du nucléaire.S'ils tiennent réellement et fortement à se construire un espace de solidarité opérationnelle pour faire face à toutes les menaces, les pays arabes devraient d'abord se convaincre que tout danger qui pèse sur leur stabilité ne peut être qu'extra arabe, c'est-à-dire dont l'origine provient en dehors des frontières du monde arabe.Il s'agit pour les pays arabes de prendre conscience que ce genre de menace les concerne en premier lieu, car imaginons un peu que les pays arabes producteurs de pétrole se voient condamnés à subir les mêmes contraintes que celles qui sont imposées à l'Iran, à savoir qu'ils seront interdits d'acquérir la capacité autonome d'enrichissement de l'uranium et qu'il leur soit proposé de procéder à l'enrichissement sur un territoire étranger ou à s'astreindre à recevoir de l'étranger la matière première puis à " rendre " le combustible irradié. N'est-ce pas qu'il s'en suivrait pour ces pays la perte totale de leur souveraineté car que resterait-il de celle-ci quand ils dépendraient entièrement des pays nucléaires? Cette menace se dessine déjà à travers le traitement du cas iranien, et ce traitement leur sera fatalement appliqué. la pression exercée sur l'Iran ne concernerait pas seulement l'enrichissement en vue de la production des armes nucléaires, cela allant de soi, selon la méthode du "deux en un", mais également et surtout l'enrichissement en vue de l'acquisition des capacités autonomes à produire de l'électricité à partir du nucléaire. Ce n'est pas par hasard qu'il a été proposé à l'Iran d'enrichir sous contrôle de l'uranium à l'étranger, ou alors de faire un choix pour l'acquisition de la matière première, c'est-à-dire de l'uranium déjà enrichi. Ainsi, à l'épuisement des gisements pétroliers, les puissances nucléaires actuelles pourront se constituer en Opep du nucléaire civil, c'est-à-dire en Opep pour l'énergie nucléaire.Les pays arabes plus particulièrement devraient se convaincre que depuis la fin de la guerre froide, depuis que les menaces de guerre conventionnelle se sont fort éloignées des frontières de l'Europe, depuis que l'Europe n'est plus susceptible de devenir le théâtre des rivalités entre les deux grands blocs, quand bien même que le bras de fer entre les pays occidentaux et la Russie puisse prendre en otage le continent européen, c'est apparemment sur le territoire arabe et également celui des pays musulmans dans le sens large, mais plus particulièrement ceux qui figurent dans l'espace du GMO ( de la Mauritanie à l'Afghanistan) que vont se dessiner les fractures mondiales et ce seront ces territoires qui vont offrir leur cadre aux affrontements militaires pour des intérêts extérieurs à ces pays. Ils risqueront même de se battre entre eux ou d'être la proie de conflits internes au nom d'intérêts extérieurs.