Le seul et unique long-métrage de Nadia Cherabi, L'envers du miroir, une cinéaste qui n'a jusque là signé que des courts, sera à l'affiche des troisièmes rencontres “Films, Femmes et Méditerranée ”, qui seront ouvertes demain et jusqu'au 7 octobre prochain dans la ville française de Marseille. Le film retenu pour ce rendez-vous sera à l'affiche parmi douze autres films qui ont été sélectionnés à travers le pourtour méditerranéen. Parmi ces long-métrages dont certains seront des avant-premières on peut citer, Je veux vivre du Libanais Khelil Joriega, Premières neiges de la Bosniaque Aïda Begic ou encore Les chants des mariées de la Tunisienne Karin Albou. L'œuvre qui est sociale à 100% avait été réalisée il y a à peine une année, alors qu'une grande partie de son montage financier avait été faite à l'époque du gouvernorat du grand Alger, géré alors par Cherif Rahmani, actuel ministre de l'environnement. Au départ, ce film devait être réalisé par Sid Ali Mazif sous le titre, Mimouna, mais des problèmes de santé ont poussé le cinéaste à confier la réalisation de cette œuvre dont le premier tour de manivelle a été donné par sa propre personne au port d'Alger en 1999, à sa compère Nadia Cherabi. Une première expérience pour cette femme qui a jusque là des connaissances tout à fait théoriques en matière du 7ème art. Ce n'était que vers l'année 2003, année où le film avait reçu un autre budget de “L'année de l'Algérie en France ” que la cinéaste avait repris le tournage d'ailleurs arrêté à plusieurs reprises. L'envers du miroir qui est resté depuis sa sortie à l'affiche de plusieurs salles algériennes est un drame social. Il raconte l'histoire de Selma, (Nassima Chams), une femme poursuivie par le mauvais sort, qui se trouve contrainte d'abandonner son bébé dans un taxi, faute de lui assurer les conditions de vie minimales. Kamel, (Rachid Fares) le chauffeur de taxi part à la recherche de cette “ mère indigne ” à travers Alger pour la convaincre de reprendre son enfant. Ce film qui n'a pas eu des rentrées spectaculaires connaît une excellente distribution. Rachid Fares habituellement enroulé dans des roles de macho, a été extraordinaire dans le rôle de ce taxieur qui reçoit un enfant sur les “ bancs de son véhicule”. Un enfant laissé par une cliente incapable d'assumer le nourrisson, enfant presque incestueux, puisque issu d'un viol du beau père. Nadia Cherabi a été particulièrement soft dans sa façon de traiter les questions de mère-fille et autres cas en rapport avec l'inceste. Pourtant, la réalisatrice est de formation sociologique, mais n'a pas eu assez de courage pour ouvrir de façon hardie le débat autour de ces problèmes qui sont devenus de véritables faits de société. Nadia Charabi ne fait aucune suggestion concernant ce cas là, mais se contente de boucler son film par un happy end fait de tolérance puisque le taxieur prévoyait d'épouser, cette femme montrée par la réalisatrice comme victime d'un système ignorant et barbare. Au delà du fait que le récit soit trop facile et même un peu commun, il faut dire que le film absolument populaire reste digeste. Politiquement correct, il peut même passer sur le petit écran sans déranger les porteurs de ciseaux. “ L'envers du miroir ” a quand même le mérite de nous faire redécouvrir un Rachid Fares capable d'autre chose que le machisme, et une Nadia Cherabi tolérante.