Le procès Khalifa a repris, hier, après deux jours d'interruption, avec l'interrogatoire de M. Chachoua Abdelhafid, qui était directeur général adjoint chargé de la sécurité. La présidente de l'audience, Mme Brahimi, n'ira pas par quatre chemins pour demander à l'accusé s'il s'était "rendu personnellement à la caisse principale pour retirer de l'argent" et l'accusé de répondre : "non, jamais". Et pour tirer les choses au clair, Mme Brahimi appelle M. Akli Youssef, qui était, pour rappel, le caissier principal à El-Khalifa Bank, ainsi que M. Dellal pour apporter des éclaircissements sur ce sujet. Sur ce, Akli dira que "Chachoua ne s'est jamais rendu à la caisse principale pour retirer de l'argent" ; la juge lui précisa que ce n'était pas ses propos lors de l'interrogatoire devant le juge d'instruction, mais ce dernier maintient ce qu'il a dit devant la cour. De son côté, M. Dellal indique qu'il se rendait à la caisse principale souvent même pour ramener des sommes d'argent et cela selon les instructions du directeur général chargé de la sécurité, M. Chachoua Abdelhadfid, auquel il remettait le sac d'argent dans les escaliers. Il ajoute également qu'il n'a jamais remis le sac d'argent au PDG et il ne s'est jamais assuré de la présence de ce dernier. M. Chachoua répond que "cela fait partie de l'organisation". D'un autre côté, M. Réda Abdelouahab qui, rappelons-le, se chargeait de la sécurité personnel de Moumen Khalifa, intervient du box pour apporter son témoignage. Il dira : "Je n'ai jamais remarqué que M. Khalifa Abdelmoumène apportait de l'argent dans des sac chez lui". Et il avoue avoir contribué, de son côté, à la mission qui est de ramener de l'argent à Moumen de la caisse principale, mais il précise qu'il lui remettait cet argent dans des enveloppes. La présidente rappela M. Chachoua pour l'interroger sur le coup de fil qu'il a passé aux personnes concernées par les 11 EES (écriture entre siège). A ce sujet, Chachoua nie avoir fait cela, Akli Youssef, Hamou Nakache, ainsi que Mohamed Toudjane, dirons que "c'est Chachoua qu'il les a appelés pour leur demander de se rendre au siège pour régulariser le trou qu'ont causé les différents retraits". Pour ce concerne M. Ahmed Mir, qui occupait le poste d'inspecteur général adjoint au sein d'El Khalifa Bank, celui-ci dira qu'il lui était formellement interdit "d'inspecter la direction de la comptabilité, ainsi que la direction du commerce extérieur, autrement dit interdiction d'accéder aux services stratégiques". La juge souligne que ce n'était pas interdit de ramener de l'argent pour Moumen et de voyager avec lui à l'étranger surtout que cela ne rentre pas dans ses prérogatives, il répond à ce sujet que "cela n'était nullement interdit". Après cela Mme la présidente demanda une pose pour reprendre par la suite avec un autre accusé, Agoune El-Hadi, en l'occurrence, commerçant blidéen poursuivi pour escroquerie. Celui-ci dira qu'il a acheté une villa (R+1) située à Zeralda dans un quartier résidentiel d'une valeur de 700 millions de centimes en avril 2003, et cela de Ahmed Chachoua, qui est le père de Abdehafid Chachoua, qu'il n'a versé que 180 millions de centimes. "C'était une bonne affaire à ne pas rater" dira-t-il, après la question de la présidente sur le fait qu'il n'avait pas remarqué que ce n'était pas le véritable prix. Pour cet achat le témoin dira qu'il n'a jamais vu Abdelhafid jusqu'au jour de la signature chez le notaire situé dans la commune de Ouled Yaïch où il a donné une avance de 140 millions de centimes à M. Chachoua Ahmed. Dans l'après-midi, c'était au tour des liquidateurs de défiler à la barre pour témoigner. M. Choufa intervient le premier. Celui-ci dira que les 11 EES présentaient des anomalies et équivalaient à 3, 277 milliards de dinars. Il ajoutera que lors de son arrivée à El-Khalifa Bank, en mars 2003, il avait remarqué que l'anarchie y régnait en maître, que les registres de comptabilité y étaient inexistants et que le personnel de la banque n'avait pas la volonté de changer cet état de fait. Il décrira le personnel comme étant inexpérimenté et marquant totalement d'expertise. C'est ensuite au tour de M. Batsi de passer à la barre pour témoigner. Ce dernier dira d'emblée que le groupe Khalifa n'existait pas structurellement, mais qu'il s'apparentait beaucoup plus à une sphère, une sorte de coquille vide. Il dira que la comptabilité au sein d'El-Khalifa Bank n'était pas expressive et était plutôt irréelle. Il dira également que la banque avait des correspondants à l'étranger et que ces derniers ne saisissaient pas tous les transferts de fonds. Pour ce qui est du dossier des biens fonciers du groupe Khalifa, et sur lequel beaucoup s'attendaient à des révélations fracassantes, le témoin dira qu'il a encore des problème avec certains dossiers et qu'il souhaitait témoigner au moment opportun, tout en assurant que cela se fera avant la fin du procès.