Après un mois d'interrogatoires dans le procès Khalifa, les témoignages se suivent et se ressemblent. L'audience d'hier a été, d'ailleurs, consacrée à l'interrogatoire d'un autre accusé. Il s'agit de l'ex-directeur général de Khalifa Airways et ami de Rafik Khalifa, M. Boukadoum Karim, lequel a bénéficié d'un crédit d'un montant d'un milliard et demi de centimes auprès de l'agence Khalifa Bank de Chéraga. La présidente de l'audience interrogera l'accusé sur la possibilité que Rafik Khalifa lui avait demandé, en tant qu'ami, de lui apporter de l'argent à partir de l'une des agences Khalifa Bank. "Oui, c'est arrivé Mme la présidente, et je me suis rendu à l'agence d'El Harrach à trois reprises pour récupérer des sommes d'un montant de 4 millions de dinars et c'était le directeur-adjoint de l'agence, Nouri Mohamed, qui me les remettait", dira M. Boukadoum, avant d'ajouter : "Abdelmoumène a abusé de ma confiance". Sur ce, Mme Fatiha Brahimi appellera le directeur de l'agence Khalifa Bank de Chéraga M. Tahar Mokadem, à la barre. Ce dernier dira qu' "avant de rejoindre le groupe Khalifa, j'ai travaillé à la BNA, au CPA, à la BEA, et enfin à l'agence BDL 117 de Staouéli comme chef d'agence". Et d'ajouter : "j'étais parmi les premiers qui ont rejoint la banque Khalifa. J'ai effectué l'entretien d'embauche à la fin du mois de juillet 1998, c'est-à-dire juste après que Khalifa eut obtenu l'agrément". La présidente lui demandera pour quelle raison a-t-il intégré le groupe Khalifa ? "C'était pour le salaire Mme la présidente, je touchais 50 000DA au début", rétorque l'accusé. C'est ainsi que Mme Brahimi lui demandera de quelle manière fonctionnait la banque au début. Il dira que "pour l'achat de quelques matériels dont trois véhicules de services pour les deux directeurs généraux et le vice président M. Nanouche, je me suis servi de mon chèque pour payer les dépenses". Il ajoute qu'"avant le démarrage de la banque j'étais obligé de faire quelques opérations à travers mon compte personnel". La présidente de l'audience lui demanda quel était le nombre des opérations qu'il a effectuées de cette manière ? Il dira "7 opérations, et on n'avait pas d'autre moyen de régulariser la situation mis à part l'utilisation d'un compte de passage ou un investissement en cours". La magistrate demandera ensuite à l'accusé s'il avait bénéficié d'un prêt auprès de Khalifa Bank. Il dira "oui, à deux reprises. Le premier de l'ordre de 2 332 600 DA pour l'achat d'un appartement à Douaouda et le deuxième d'un montant de 650 000 DA". Mme Brahimi lui demanda s'il a remboursé ce crédit ? "Oui, Mme la présidente, puisque le logement était au 4e étage et j'avais ma mère âgée de 80 ans, j'ai revendu l'appartement et j'ai remboursé ce que je devais à la banque", répondra-t-il. Le procureur interrogera l'accusé sur le fait d'avoir ait prêté de l'argent à M. Zizi Abderazek alors que lui-même était endetté. L'accusé soulignera qu'il a "revendu son appartement et il lui restait de l'argent et c'est comme ça qu'il a prêté la somme de 300 000 DA à M. Zizi". La présidente de l'audience précisera dans ce contexte que M. Boukadoum n'a pas seulement occupé le poste de directeur de l'agence de Chéraga, mais il a par ailleurs été nommé DG de l'exploitation à l'agence de Blida. L'accusé dira à ce sujet qu'il a "occupé ce poste juste 5 mois et il touchait à cet effet un salaire de 100 000 DA". Avant d'ajouter qu'il était "conseiller sportif à la direction des sports, où il touchais un salaire de 150 000 DA et que ce service s'occupait du sponsoring des clubs sportifs". La présidente lui demanda si le P-DG leur donnait des instructions ? "Je ne peut pas appeler cela des instructions mais c'était des orientations", précise-t-il. Mme Brahimi, lui demanda qui était son directeur. "C'était M. Maâmar Djebbour qui a été désigné pour le poste de directeur des sports". Elle poursuit son interrogatoire : "Comment avez-vous connu Rafik Khalifa ?" l'accusé répond que son collègue "Boualem Aifa, chef de service à la BEA m'a présenté le PDG du groupe Khalifa". La présidente revient sur la manière dont l'ex-directeur de l'agence Khalifa Bank de Chéraga a rendu l'argent que la banque lui a prêté. Il répond l'avoir remis en main propre. C'est ainsi que la magistrate lui précise qu'il n'a rien pour prouver cela. De son côté, le procureur général a interrogé l'accusé comment un conseiller comme lui pouvait signer des conventions de sponsoring avec les clubs sportifs. L'accusé répondra que "c'était soit moi, soit M. Maâmar Djebbour qui signait ces conventions". Dans l'après-midi, c'était au tour de deux nouveaux accusés de témoigner. Il s'agit de M. Sedrati Messaoud, ancien capitaine de la marine et beau-frère de Moumène Khalifa et de Chachoua Ahmed employé à Khalifa Bank et père de l'un des principaux accusés dans cette affaires. M. Sedrati indiquera qu'il a bénéficié d'un prêt de 4,5 millions de dinars auprès de l'agence des Abattoirs de Khalifa Bank. Il dira, dans ce sens, qu'il a effectué toutes les procédures nécessaires pour l'obtention de ce prêt sans aucun avantage lié à sa parenté avec le P-DG de la banque. Il affirmera qu'il est en possession de tous les documents prouvant ses dires. Néanmoins, la présidente lui indiquera qu'il est accusé d'avoir continué à garder cachés deux véhicules de marque Toyota appartenant à Khalifa Bank et ce, jusqu'au mois de mars 2005. Chose que l'accusé a catégoriquement réfuté. Pour sa part, M. Ahmed Chachoua a semblé être embarrassé et même frappé d'amnésie sur certaines questions. Même si l'accusé a étayé les dires de son fils et a indiqué avoir travaillé pour le groupe Khalifa en tant qu'agent de sécurité dès février 1999 pour un salaire de 40 000 DA et avoir bénéficié d'un prêt de 400 000 DA octroyé par l'agence de Blida et plus exactement par le directeur de cette agence, M. Zarkaoui Fayçal, l'accusé ne se souvient pas pour autant pourquoi il a contracté ce prêt. Il est vrai que l'accusé est un ancien moudjahid propriétaire de plusieurs biens fonciers et immobiliers et qu'il n'avait pas spécifiquement besoin d'un prêt. Interrogé sur des documents trouvés à sont domicile au cours d'une perquisition et qui sont assimilés à des correspondances adressées par l'agence Khalifa de Chéraga en 2000 demandant à l'accusé de récupérer une somme de 16 000 dollars et une autre somme de 100 000 francs français, celui-ci ne trouvera pas mieux que dire qu'il n'a jamais compris pourquoi on lui adressé ces correspondances.