Le procès du siècle est entré, hier, dans son deuxième mois, avec un rythme plus soutenu dans les interrogatoires des accusés. L'audience d'hier, a d'ailleurs, été consacrée à l'interrogatoire d'un nouvel accusé, M. Mohamed Rachid Bousehoua, chirurgien dentiste, et gendre de Chachoua Ahmed. Celui-ci dira devant le tribunal criminel de Blida qu'il voulait "acheter une voiture de marque Allemande et mon beau frère Badreddine Chachoua, qui est pour rappel licencié en architecture et qui occupait le poste de DG adjoint chargé du développement technique du groupe Khalifa, m'a présenté le concessionnaire de la maison Volkswagen d'El Mouradia". La présidente de l'audience, Mme Fatiha Brahimi, lui demandera si la voiture était à son nom et quelles sont les démarches faites pour cet achat ? "La livraison était à mon nom et pas au nom du groupe Khalifa et j'avoue que je n'ai pas fait de démarche pour cet achat mais je vous apprend que j'ai donné de l'argent à Badreddine pour payer ce véhicule qui a coûté quelque 220 millions de centimes", répondra-t-il, avant d'ajouter "j'ai une facture qui prouve que le paiement a bien été fait à mon nom". C'est à ce moment là que le procureur le relancera sur l'achat par son épouse d'un appartement situé à M'sila. L'accusé dira tout simplement qu'"elle avait un revenu puisque elle était chirurgien dentiste". Sur ce, Mme Fatiha Brahimi appelle M. Amghar Mohamed Arezki à la barre. Celui-ci dira aussitôt qu'il est retraité de la BNA depuis 1998, banque où il a occupé le poste de directeur central, avant d'ajouter qu'"un mois avant mon départ à la retraite j'ai rencontré l'oncle de Khalifa, Kebbech, Ghazi, à la Safex, lequel m'a annoncé que son neveux va ouvrir une banque privée. Sur ce, je lui ai donné mon CV. Peu de temps après on m'a appelé et Khalifa Rafik m'a demandé de choisir entre deux postes : inspecteur général ou directeur du crédit et j'ai choisi ce dernier poste puisque je suis plus à l'aise dans le service des crédits. Je touchais un salaire de 75 000 dinars dès octobre 1998. Ensuite on m'a nommé comme directeur général d'administration et j'ai occupé ce poste durant 7 mois et je touchais un salaire de 100 000 dinars ; et puis j'ai été désigné comme vice-président de l'administration générale pour un salaire de 150 000 dinars". Il a également révélé qu'"en 2000 le P-DG m'a appelé et m'a proposé de me charger d'ouvrir un bureau de la Banque Khalifa à Paris, une sorte de bureau de représentation. Au début j'habitais à l'hôtel et je touchais un salaire de 10 000 FF, puis j'ai bénéficié d'un logement de fonction et un salaire de 20 000 FF. On était censé faire des transferts de fonds en devises à partir de l'Algérie, mais il faut dire que cette banque n'a jamais existé Mme la présidente". Mme Brahimi lui demanda s'il a déjà vu Soualmi et si des gens avaient déposé leur argent dans ce bureau ? "Oui, j'ai vu Soualmi à Paris pour le compte de correspondance" répondra-t-elle. L'accusé sera également interrogé à propos des crédits dont il a bénéficié. M. Amghar dira qu'il "a obtenu un crédit le 1er août 1999 de l'ordre de 450 millions de centimes et on s'est entendu à ce qu'on me retire à la source des mensualités pour un taux d'intérêts de 3% durant 96 mois, et un autre crédit personnel de 9 millions de dinars pour l'achat d'un appartement à Khelifa Boukhalfa que j'ai revendu d'ailleurs". Il précisera qu'après son retour en France en 2001, il était "chef de projet de la KRC spécialisée dans la location de voitures dont la banque Khalifa détenait 50% alors que Khalifa Airways détenait les 50% restants". Avant d'ajouter que "lors de l'ouverture de KRC on avait 12 voitures au parc, et par la suite on est arrivé à 120 véhicules". De son côté, le procureur général lui demanda s'il est arrivé que Rafik Abdelmoumène lui donne des instructions pour remettre à quelques personnes des véhicules ? "Oui, et je les leur remettais sans factures, et même le jardinier en a bénéficié". Ensuite c'était au tour à M. Belaid Keched, directeur de l'agence Khalifa Bank de Blida d'être interrogé. Ce dernier dira qu'il travaillait "à la BDL de Bouira et par la suite celle de Blida, pendant 6 ans, avant d'être désigné comme chef de l'agence Khalifa Bank de Blida où je touchais un salaire de 36 000 DA". Il ajoute également que "l'agence de Blida a ouvert en février 1999. Il faut dire qu'on faisait des réunions trimestrielles avec le P-DG au cours desquelles il nous donnait des instructions afin d'inciter des entreprises publiques à faire des placements dans la banque Khalifa". La présidente de l'audience lui demandera ensuite qui étaient leurs premiers clients ? Il dira "c'était des commerçants et des sociétés comme l'EPLF de Blida qui a ouvert un compte courant dans notre agence ainsi que des comptes pour tout son personnel".