Après avoir longtemps été au vert, les indicateurs économiques de l'Algérie commencent à virer au rouge. L'Office national des statistiques (ONS) avait annoncé mardi dernier que le taux de l'inflation pour le premier trimestre 2009 s'était établi à 6,1%, bien loin du taux de 3,5% sur lequel tablait le gouvernement dans le cadre de la loi de finances pour l'exercice 2009. Le taux de croissance sera visiblement en deçà de celui escompté par les pouvoirs publics (4,1% et 6,6% hors hydrocarbures), si l'on tient compte des prévisions du Fonds monétaire international (FMI), dans son rapport rendu public hier et qui mise sur un timide 2,1%. Il faut dire que l'année en cours s'annonce difficile, avec une baisse substantielle de la production des hydrocarbures induite par la baisse de la demande mondiale sévèrement impactée par la crise économique et financière. Le FMI entrevoit cependant une reprise en 2010, où le taux de croissance devrait remonter à 3,9%. Ces données chiffrées démontrent, si besoin est, que l'Algérie n'a pas été épargnée par la crise. L'état des lieux sur l'économie mondiale dressé par le FMI ne prête guère à l'optimisme. Le FMI note néanmoins que l'Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie) résiste avec un taux de croissance global de 3% en 2009 et de 4% pour 2010. L'institution de Bretton Woods relève toutefois plus loin que dans de nombreux pays émergents et pays en développement, la croissance économique ralentit sensiblement et il sera essentiel d'obtenir un financement extérieur adéquat des sources officielles pour atténuer l'ajustement et éviter une crise extérieure. L'Algérie fera-t-elle partie du lot ? La question reste posée, étant donné que ses ressources s'amenuisent, du fait de la baisse des cours du pétrole qui représente sa principale source de revenus. L'Etat qui a adopté jusque-là une politique budgétaire expansionniste pourra-t-il maintenir le rythme des dépenses induites par son programme d'investissements publics ? Les experts du FMI avaient prôné la rationalisation des dépenses publiques de l'Algérie, lors de leur dernière visite, en attendant d'avoir une visibilité concernant l'avenir de l'économie mondiale, dont la récession a déteint sur le marché pétrolier et par ricochet sur les recettes de l'Algérie. Rationalisation Le FMI a d'ailleurs encore une fois revu à la baisse ses prévisions pour l'économie mondiale et a prévenu que la stabilisation des marchés financiers serait plus longue qu'initialement prévu. Le FMI estime désormais que le produit intérieur brut de la planète se contractera de 1,3% cette année, une première depuis plus d'un demi-siècle. En janvier, le FMI prévoyait encore que le PIB mondial croîtrait cette année (+0,5%). En mars, il a reconnu que l'économie mondiale allait entrer en récession, mais d'une ampleur moindre que dans sa nouvelle prévision (un recul du PIB de 0,5% à 1%). « L'économie mondiale traverse une grave récession causée par une crise financière massive et une perte de confiance aiguë », avertit le FMI. Cette crise est la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale. « Ces perspectives incertaines et semées d'obstacles appellent une réaction énergique tant sur le plan financier que sur le front macroéconomique », insiste le FMI, qui n'exclut pas de nouvelles révisions à la baisse de ses prévisions. « Une inquiétude dominante est que les politiques continueront d'être insuffisantes pour mettre un terme à la spirale négative entre des conditions financières qui empirent et l'affaiblissement de l'économie », ajoute la même source qui prévient que « même une fois la crise passée, cependant, il y aura une période de transition difficile, où le taux de croissance sera notablement plus bas que dans un passé récent ».