Plombé par la crise financière et les inquiétudes sur la demande de brut, le baril de pétrole Brent pour livraison en novembre est tombé sous les 80 dollars dans les échanges électroniques en Asie.Les Bourses asiatiques s'écroulaient de nouveau hier, paniquées par la chute de Wall Street, à quelques heures d'une réunion cruciale des grands argentiers du Groupe des Sept (G7). Après une accalmie précaire jeudi, les marchés d'Asie ont plongé dans la matinée, dans le sillage du Dow Jones qui a terminé sur une baisse de 7,33%, la septième consécutive, atteignant son plus bas niveau depuis cinq ans. La chute de 10% en moyenne des places boursières asiatiques conforte les craintes de récession dure au niveau mondial et de chute de la demande de l'or noir. e pétrole a plongé à 75 dollars à Londres et 78,61 dollars à New York, des plus bas depuis un an. A la même heure, le baril de "light sweet crude" pour la même échéance valait 81,47 dollars, perdant 5,12 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Les investisseurs qui privilégiaient en début d'année les contrats sur le pétrole afin de se prémunir contre l'inflation et contre la faiblesse du dollar se reportent désormais sur des valeurs jugées plus sûres. La tendance des prix actuels de l'or noir reflète les inquiétudes face à la crise financière, qui réveillent les craintes d'un affaiblissement de la demande en pétrole. D'ailleurs, la hausse des stocks de pétrole sur la semaine dernière a été supérieure aux prévisions aux Etats-Unis. Alors que les analystes tablaient sur une hausse de 2,3 millions de barils des réserves, c'est finalement 8,1 millions de barils de stocks qui ont été recensés, portant ainsi le total à 302,6 millions de barils. Ces chiffres traduisent certes des conditions de production améliorée depuis le passage des ouragans Gustav et Ike mais ils indiquent également un repli de la demande, liée à des perspectives économiques plutôt sombres sur fond de crise financière généralisée. Un ralentissement de la consommation est d'ores et déjà perceptible. L'US Energy Information Administration a fait état mercredi d'une baisse de 8,6% de la demande aux Etats-Unis au cours des quatre dernières semaines par rapport à la même période de l'an dernier. Elle a par ailleurs abaissé de 140.000 barils par jour son estimation de croissance de la demande mondiale pour l'année prochaine. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) devait quant à elle publier son rapport mensuel hier en fin de matinée, et les spécialistes tablaient sur une nouvelle baisse de sa prévision de la demande mondiale pour 2008 et 2009. Dans ce contexte, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a confirmé la tenue d'une réunion extraordinaire, avant celle prévue le 17 décembre à Oran, pour faire le point sur les conséquences de la crise financière sur le marché du pétrole. Dans un communiqué, publié jeudi, son secrétariat a annoncé que l'Organisation doit tenir une réunion extraordinaire le 18 novembre à Vienne, "pour discuter de la crise financière mondiale" et de son "impact sur le marché pétrolier". Il faut donc sans doute s'attendre à une nouvelle réduction de la production des pays de l'Opep, qui voient s'enfoncer la barre des 80 dollars, considérée par nombre de d'entre eux comme le prix plancher au-dessous duquel les investissements deviennent nettement moins rentables. "L'Opep tente de fixer un nouveau seuil à 80 dollars", estime Jonathan Kornafel d'Hudson Capital Energy.