Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, intervenant hier sur les ondes de la Chaîne 3 de la radio nationale dans le cadre de l'émission quotidienne "l'invité de la rédaction", a évoqué la baisse sensible du prix du pétrole qui a atteint 50 dollars. Concernant les conséquences sur les revenus pétroliers de l'Algérie, le ministre reconnaît que l'année dernière (2006) a été une année exceptionnelle avec des revenus d'exportation qui se sont situés presque à 54 milliards de dollars, étant donné les bonnes performances du secteur et les prix qui étaient au-dessus de ce qui était attendu. Il fera, également, remarquer qu'"on s'attendaient à ce que le taux de croissance durant l'année 2007 n'allait pas être au même niveau que celui de l'année 2006 puisque la croissance économique mondiale en 2006 était de 5,01 %. Il est reconnu, maintenant, que la croissance économique mondiale en 2007 serait de l'ordre de 4,7 %". Il ajoutera que la croissance économique est en baisse et représente le premier facteur de la baisse des cours du pétrole. En second lieu "il y aura l'arrivée d'une production non Opep de l'ordre de 1,8 million de barils par jour, alors que l'accroissement de la demande attendue en 2007, n'est que de 1,3 mbj". Il rappellera que lors de la réunion de Doha, la décision avait été prise par les pays membres de l'Opep de réduire leur capacité de production de 1,2 mbj suivis d'une autre décision à Abuja de 500 000 mbj. Il expliquera dans ce sens que ces décisions ont été prises pour tenir compte de la faible croissance économique et de l'apport des pays non Opep pour essayer d'"équilibrer le marché" et de rester aux alentours de 50 à 60 dollars le baril en 2007. Le ministre dira, également, que la première surprise est venue d'un hiver " très doux " " on a vu les spéculateurs qui comptaient sur une demande plus importante, qui au vu de la situation se sont retirés du marché et il y a eu donc la chute des prix. Il y a eu, également, différentes déclarations des ministres de l'Opep qui avaient dit qu'il y aurait une réunion exceptionnelle pour essayer de réduire encore la production pour stabiliser les prix ". Il ajoutera " il y a eu finalement la déclaration du ministre saoudien, qui avait déclaré que l'Arabie Saoudite ne réduira pas ou ne collaborera pas pour une réduction de la production ce qui a encore réduit les prix ". Il est tout à fait clair selon l'avis du ministre de l'Energie et des Mines que les prix durant le premier trimestre et le deuxième trimestre de l'année 2007, seront aux environs de 50 dollars, si ce n'est un peu moins durant le deuxième trimestre. Il est optimiste pour dire que peut-être durant le troisième trimestre, les prix pourraient se relever " ceci dépendra de la discipline des pays membres de l'Opep ". Dans tous les cas de figure, le ministre précise que " nous ne verrons pas les prix de l'année 2006 en 2007, mais ce seront quand même des prix plus élevés que ceux qu'on avait eus durant les années 2001, 2002 et 2003 ". En fonction de l'augmentation des exportations de l'Algérie en matière d'hydrocarbures, nous verrons des revenus assez importants, peut-être pas au niveau de cette année, mais encore assez importants, explique-t-il encore. Il ne pense pas que les pays membres de l'Opep se rencontreraient dans les prochains jours " il y a opposition de l'Arabie Saoudite. Une réduction sans l'Arabie saoudite n'aura pas l'effet escompté, parce qu'elle n'aura pas de crédibilité sur les marchés et en plus, tous les autres pays rassemblés ne peuvent pas avoir le même effet que si l'Arabie saoudite est partie prenante de la décision ". Il revient sur la même question pour dire : "Puisqu'il y a pratiquement une décision de ne pas se rencontrer avant le 15 mars où il y aura la réunion régulière de l'Opep. Il faudra attendre jusqu'à cette date pour que l'Opep puisse revoir la situation du marché et prendre les décisions attendues". De son point de vue, la réduction de la production de presque 1,7 mbj, "si elle venait à être prise et la discipline maintenue , devrait voir des prix beaucoup plus soutenus, beaucoup plus élevés que ce que nous voyons actuellement". Afin d'éviter toute incidence financière sur l'Algérie, M. Khelil indiquera : "Nous avons contribué à une réduction de la production avec 84 000 bj, dont 59 000 bj suivant la décision de Doha et 25 000 suivant la décision d'Abuja ". Il notera que cette réduction va être maintenue durant toute l'année et " dans la mesure où l'Opep risque de décider d'une autre réduction, il faut bien que l'Algérie contribue à cette réduction pour que les prix se maintiennent à un niveau élevé. On ne peut pas avoir et les prix et les volumes. II faut choisir. On réduit les niveaux de production pour pouvoir stabiliser les prix à un prix raisonnable ". Il définit que l'augmentation des prix est supérieure à la réduction de la production. " On compense donc, d'une grande façon la réduction de la production par une augmentation des prix ". Le ministre de l'Energie et des Mines revenant sur ce qui se dit concernant la création d'une " Opep du gaz " dit "tout d'abord, il n'est pas question d'écarter ou de ne pas écarter la création de l'Opep du gaz. Il ne peut pas y a voir d'Opep du gaz parce qu'il n'y a pas de marché du gaz globalisé et il n'y a pas de marché du gaz à l'image du marché du pétrole. Le gaz est vendu sur un marché bien défini". Il cite trois marchés à savoir européen, américain et asiatique. Selon lui, chaque marché a des risques et des contraintes parce que le gaz se transporte par des gazoducs et ensuite, il se transporte par des bateaux tout à fait " spéciaux de GNL ". Le marché du gaz se vend sous deux formes. " La forme du GNL et la forme du gaz naturel, mais en général, il se vend dans le cadre de contrats à long terme ". D'après lui, il n'y a pas aujourd'hui, un marché où l'on vend au jour le jour, du gaz, comme cela se fait pour le pétrole. Le ministre souligne que c'est pour cette raison qu'il ne peut y avoir d'Opep du gaz, car ajoute-t-il, tous les vendeurs sont déjà reliés à travers des marchés à long terme avec les acheteurs. Dans le même registre, il poursuit " on ne peut pas enlever du gaz qu'on a déjà vendu pendant 25 ans pour le redonner à quelqu'un d'autre. C'est cette spécificité que je viens d'expliquer qui fait qu'il faut attendre jusqu'à ce que le marché du gaz soit dominé par le gaz natuirel liquéfié, et il ne le deviendra peut-être pas avant 25 ans, donc lorsque le marché du gaz aura développé suffisamment le marché du GNL, c'est-à-dire beaucoup de bateaux qui transportent du GNL liquide d'un point à un autre sans à avoir d'être contraints de faire ces ventes dans le cadre de contrat à long terme, sauf bien sûr qu'on peut se mettre d'accord pour optimiser nos bateaux pour faire des échanges ". Il notera que l'Algérie ne peut pas concurrencer la Russie "l'Algérie et la Russie ne se font pas la concurrence parce que, il est tout à fait clair que le marché européen se développe rapidement, la demande de gaz augmente plus rapidement que l'offre du gaz par l'Algérie, par la Russie, par le Qatar etc ".