La semaine qui vient de se terminer entrera certainement dans l'histoire des krachs boursiers, les grandes places boursières dans le monde (New York, Tokyo, Londres, Paris, Francfort etc.) ont enregistré des pertes allant de 18 à 25% ; il faut remonter à octobre 1929 pour voir des scénarios pareils. À travers cette analyse je vous présente les éléments essentiels de l'anatomie de ce krach. 1 - L'effet d'Octobre : la plupart des krachs boursiers connus dans l'histoire se sont produit un mois d'Octobre à commencer par les désastreuses journées du 21 , 24 , 28 et 29 octobre 1929, le krach d'octobre 1973 ( la guerre israélo-arabe ), le fameux krach du 19 octobre 1987, le krach du 8 octobre 1998 ( la crise asiatique ) et finalement celui d' octobre 2002 . L'effet octobre n'a pas de légitimité empirique mais son impact psychologique sur les marchés boursiers est remarquable. 2 - La crise ou le manque de liquidités: la crise des subprimes aux Etats-Unis, qui s'est développée en crise bancaire mondiale avec des faillites en série de plusieurs banques mondialement connues, a donné l'émergence à une crise financière internationale ; toutes ces crises ont fait que les marchés financiers internationaux sont devenus sous-ravitaillés en matière d'argent liquide et le recours hystérique des institutions financières à la recherche du cash frais a fait chuter les cours boursiers ; je vous explique cette spirale infernale La globalisation des marchés financiers internationaux a fait que les banques sont devenues actionnaires entre elles ; à titre d'exemple, la banque X détient 10 % du capital de la banque Y et vice versa. Maintenant la Banque X se trouve dans une crise, elle est dans l'obligation de vendre ses 10 % du capital qu'elle détient chez la banque Y pour sauver sa propre situation financière, mais en vendant ces titres, le cours des actions de la banque Y subit une chute verticale, et les actionnaires de la banque Y, en voyant le cours du titre de leur banque chuter et suivant un comportement moutonnier, vendent à leur tour ; ensuite c'est au tour des prédateurs de la finance qui sont toujours à l'affût (il arrive même que ce sont les filiales ou les partenaires de la banque X ) ; en voyant cela ils interviennent en vendant à découvert les actions de la banque Y ce qui accentue profondément la chute du titre de la banque Y et, au bout de quelques jours et après avoir perdu 60 - 70 % de sa capitalisation boursière, des rumeurs commencent à circuler sur une éventuelle faillite de la banque Y. Ce scénario qui s'est répété à maintes reprises ces derniers temps sur les principales places boursières explique les causes de la chute libre des valeurs financières cotées sur ces places boursières. Dans le même contexte mais sur un autre front il s'agit cette fois des Sicav ( sociétés d'investissement). Ces entreprises financières, qui ont comme actifs des portefeuilles composés d'actifs financiers (actions, obligations, immobilier) se trouvent actuellement dans une grande tourmente : la chute des bourses a fait déprécier la valeur de leurs actifs et même leur statut. En effet, les banques leur imposent maintenant des restrictions pour obtenir des prêts ceci a obligé ces entreprises à vendre leurs propres actifs sur le marché pour survivre. 3 - Le déclin de la conjoncture économique : il existe un indicateur boursier appelé l'indicateur des valeurs cycliques. C'est un baromètre de la conjoncture économique. Malheureusement, il arrive que cet indicateur lance de faux signaux. C'est le cas d'un atterrissage doux de la conjoncture économique ; mais les investisseurs institutionnels avisés suivent attentivement cet indicateur, et lorsqu'ils sont convaincus de son authenticité, ils vendent massivement et hystériquement les valeurs cycliques ( automobiles, mines, industries traditionnelles, aérien, touristiques ) Ceci explique la vente massive des actions de Ford, GM, Renault, Lafarge etc. sur les places boursières internationales ces dernières semaines. 4 - Primauté du marché sur le politique : Ce passage est adressé au lecteur algérien. Le plan de sauvetage élaboré par le Congrès américain avec l'injection de 700 milliards de dollars ainsi que le plan britannique de 250 milliards de livres sterling pour redonner la confiance et rétablir l'ordre sur les marchés financiers, ont été ignorés par le marché ; les bourses réagissaient paradoxalement, par des baisses. Ceci prouve et montre que les forces du marché sont indomptables ; le marché aime l'argent du politicien mais n'aime pas se soumettre à lui ; le fait de nationaliser des banques n'est pas du goût de monsieur le Marché. 5 - Conclusion : Contrairement à ce que rapportent les médias financiers ( ils ont tendance à noircir encore plus la situation), je suis profondément convaincu que ce krach est une sur-réaction et qu'à partir de lundi 13 octobre il y aurait une stabilisation, et même vers la fin de la semaine ( jeudi ou vendredi ) on aura des hausses des cours de bourses de l'ordre de 7 et 8 % sur le Cac 40, le Dax et les autres. L'argument de taille qui confirme mes anticipations est que les entreprises américaines ou européennes n'ont pas lancé des profit-warning ( avertissement sur les bénéfices). Noureddine Legheliel Analyste boursier à la banque suédoise Hagström och Qviberg