Les 15 pays de l'Eurogroupe, dont les chefs d'Etat et de gouvernement se sont réunis, hier, à Paris, pour contrer la crise financière et ce, en mettant en place un dispositif de sauvetage du système bancaire européen "inspiré du plan britannique". En effet, "Il y a deux modèles en concurrence. Le modèle américain, dont personne ne souhaite s'inspirer, et le modèle britannique. C'est de ça dont tout le monde discute", a déclaré une source proche du président Nicolas Sarkozy. Le Trésor britannique, en effet, a annoncé mercredi la mise à la disposition des banques et des établissements de crédit immobilier 200 milliards de livres sterling (259 milliards d'euros) pour renforcer leurs fonds propres et restructurer leurs finances. Selon Le Figaro de samedi, qui cite une source gouvernementale, les Quinze prépareraient un plan de sauvetage ayant pour "référence" le modèle britannique. "Les Quinze décideraient donc, d'une part, de recapitaliser massivement leurs banques et, d'autre part, d'en garantir les dettes", précise le quotidien. Les mesures décidées à Paris le seront en partenariat avec la Banque centrale européenne. Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, et celui de la Commission européenne, José Manuel Barroso, participeront au sommet qui commencera à 17 heures à l'Elysée. Interrogée samedi matin sur France Info, Christine Lagarde s'est dite certaine que la réunion de dimanche ouvrirait "de nouvelles voies" pour sortir de la crise. "Je suis sûre qu'il y aura de nouvelles propositions", a-t-elle déclaré de Washington, où se tenait une réunion des ministres des Finances du G7. "Je suis certaine que, sous l'impulsion du président de la République, la réunion de l'Eurogroupe va à nouveau ouvrir de nouvelles voies et peut-être apporter des clarifications", a-t-elle ajouté. La ministre a, par ailleurs, indiqué qu'il n'y avait, a priori, aucune raison de recapitaliser les banques françaises. "En l'état actuel de la situation, ce n'est pas nécessaire, ça n'a pas été demandé par les banques, même si on le leur proposait, donc a priori il n'y a aucune raison", a-t-elle dit. Interrogée sur les moyens d'enrayer la chute des cours de Bourse, qui s'est poursuivie cette semaine, Christine Lagarde a répondu que les marchés étaient "sensibles à des actions concertées, cohérentes et globales". Dans leur communiqué de fin de réunion, qui s'est tenue vendredi à Washington, les pays du G7 s'engagent à agir de façon résolue et à utiliser "tous les instruments disponibles" pour empêcher la faillite d'institutions financières importantes d'un point de vue systémique. Il est à noter que la crise financière a suscité une succession de réunions pour ranimer le système financier international. Durant la réunion du G20, pour les Etats-Unis la coordination ne signifie pas des solutions uniformes mais une coopération renforcée dans les actions des Etats avec des approches selon les spécificités de chaque pays. La Grande-Bretagne souhaite un plan global de garantie des Etats pour restaurer la confiance sur les marchés interbancaires et obligataires qui demeurent ''bloqués'' depuis la faillite de l'américaine Lehman Brothers. Même si elle a approuvé le plan de recapitalisation des banques britanniques, la France ne souhaite pas, au fond, systématiser ce dispositif pour la raison que ses banques ne souffrent pas de problème de solvabilité. De son côté, l'Allemagne préconise l'obligation des banques à garder dans leurs bilans les produits financiers sophistiqués afin de pouvoir les som ettre aux normes prudentielles, et veut interdire les ventes à découvert des titres financiers souvent pratiquées par les fonds spéculatifs. Elle prône aussi une décision à l'échelle mondiale sur les ''parachutes dorées'' et une meilleure coordination des institutions de supervision et de contrôle. Dans le communiqué qui a sanctionné leur réunion, les ministres des Finances du G7 se sont engagés notamment à prendre les mesures nécessaires pour conforter les établissements financiers et empêcher qu'ils fassent faillite et mettre en place un dispositif pour restaurer le marché du crédit. Ils ont, toutefois, exclu la suggestion de la Grande-Bretagne relative à la garantie des prêts entre banques dans un marché interbancaire qui manque gravement de liquidités faute de confiance entre les banques, et ce malgré les importantes injections de liquidités successives opérées par les principales banques centrales.