L'Opep a été contrainte d'avancer sa réunion de trois semaines. L'alerte est donnée. Serait-ce toutefois la panique? Les prix du baril de pétrole ont atteint, jeudi, un seuil que, sans aucun doute, les ministres de l'Energie et du Pétrole des pays membres de l'Opep, à leur tête leur président M. Chakib Khelil, doivent estimer comme dangereux. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord est descendu à 65,45 dollars alors qu'à New-York, le «Light sweet crude» s'est échangé jeudi à 69,85 dollars avant de rebondir timidement hier à 70,39 dollars Une chute qui a poussé l'Opep à avancer de trois semaines, c'est-à-dire au 24 octobre, sa prochaine réunion alors qu'elle était prévue pour le 18 novembre prochain à Vienne. Lors de la réunion de vendredi prochain, l'Opep devrait décider une baisse de sa production d'environ un million de barils par jour, pour doper les cours du brut. Mercredi déjà, l'Opep avait fortement revu à la baisse ses prévisions de hausse de la demande de brut en 2008 dans le monde à 0,64% contre 1,02% en septembre. La sonnette d'alarme est tirée. Le vent de panique qui a soufflé sur Wall Street et les autres places financières de la planète, a fini par gagner les marchés pétroliers. Les prix de l'or noir ne cessent de fondre comme neige au soleil. Les prix du brut s'écroulent. Ils ont perdu pas moins de la moitié de leur valeur depuis le mois de juillet 2008. Le baril de pétrole était parti à ce moment-là pour établir un nouveau record historique. Il affichait allégrement 147 dollars et s'apprêtait à franchir la barre des 150 dollars. Les analystes les plus optimistes annonçaient déjà et pronostiquaient un baril de pétrole entre 150 et 170 dollars. Il est vrai qu'à cette époque, le dollar faisait grise mine devant la monnaie unique européenne, l'euro. Depuis, les Etats-Unis sont enfoncés dans l'une des plus graves crises financières de leur histoire depuis celle vécue en 1929, déclenchée par la crise de l'immobilier, «les subprimes», voilà maintenant près de deux années, elle a mis sur la paille, de nombreux foyers américains issus des classes moyennes et obligé la quatrième banque les Etats-Unis Lehman Brothers, à mettre la clé sous le paillasson. Locomotive de l'économie mondiale, l'économie américaine qui est rentrée en récession, a fait tache d'huile en Europe. Les places boursières du Vieux Continent mettent un genou à terre et à l'unisson. Paris, Francfort, Londres... Les places financières en Asie ne sont pas en reste. Le plan Paulson qui a mobilisé 700 milliards de dollars ne semble d'aucun secours pour un secteur financier en détresse. Les décisions prises par les pays européens et dans le même sens, semblent n'être d'aucun effet. C'est l'économie mondiale qui s'est installée dans la crise et pour un moment. Si la devise américaine a repris quelques couleurs sur sa rivale européenne, 1,534 dollar pour 1 euro environ, elle a, dans son sillage, entraîné une chute pour le moins spectaculaire des prix du pétrole, plus de 70 dollars en deux mois. Ce qui est loin d'annoncer des lendemains qui chantent pour l'économie algérienne qui dépend à quasiment 98% de ses recettes en devises engrangées grâce à ses exportations en hydrocarbures. Et ce ne sont ni les déclarations du ministre des Finances, Karim Djoudi, qui avait assuré que l'Algérie ne serait pas touchée par la crise financière, encore moins celles du gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, qui arrêtèront la chute brutale des prix de l'or noir. Au cours d'une conférence de presse tenue tard dans la nuit de mercredi, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a annoncé que «les revenus des hydrocarbures fixés pour cette année ont été garantis conformément aux prévisions». Les revenus des exportations en hydrocarbures atteindront la coquette somme de 80 milliards de dollars pour 2008. Même si cela met un peu de baume au coeur, en attendant une très probable annonce de la réduction de la production de l'Opep, il n'en demeure pas moins que selon les spécialistes, et en dépit d'une déconnexion de l'Algérie du système financier international et des assurances des gouvernants, l'Algérie subira les effets de cette crise. Une forte baisse des cours du pétrole devant la récession de l'économie mondiale entraînera une diminution de la demande en produits énergétiques. En plus clair, un manque à gagner certain pour l'Algérie entièrement dépendante des hydrocarbures.