En raison du boom que connaît le secteur du bâtiment dans une grande majorité des pays africains, et vu la raréfaction du ciment et des coûts exorbitants pour son importation, une grande majorité de gouvernements africains ont mis le paquet pour laisser le champ libre aux gros investisseurs étrangers. Qu'ils soient Chinois, Indiens, Turcs ou encore Européens, ils viennent investir en masse dans un terrain encore vierge mais surtout très juteux vu les diverses politiques de facilitations accordées par les pays demandeurs d'un côté et de l'autre, du prix de la tonne de ciment qui est très étroitement liée au prix du baril de pétrole. Explosion de chantiers de constructions, mauvaise exploitation des ressources et gisements, conjuguées aux faibles niveaux d'importation et aux coûts exorbitants, sont autant de griefs pour investir dans la construction des cimenteries et produire localement. Bon nombre de pays africains y compris des producteurs de cette matière et détenteurs de grands gisements avaient été durement secoués par la hausse du prix des énergies alors qu'ils étaient en pleine mutation. Aussi plus de 500 millions d'euros ont été investis pour satisfaire des besoins énormes en matière de ciment et satisfaire une demande en constante progression. Quatre investisseurs privés, africains et européens, viennent d'annoncer ou de confirmer leur décision de consacrer une somme globale de 590 millions d'euros à la construction de quatre cimenteries dans quatre pays africains différents. Objectif stratégique : accroître considérablement la production de ciment pour juguler la crise des derniers mois. La firme allemande, Schwenk Group, a confirmé la construction dans la ville namibienne de Tsumeb d'une usine de production de ciment qui coûtera 238 millions d'euros. L'usine de Tsumeb sera la toute première cimenterie de la Namibie. Sa construction, dont les travaux démarreront en janvier 2009, devrait être achevée en 2010. Elle devrait approvisionner la Namibie, pays importateur net de ciment, mais aussi l'Angola, le Botswana ainsi que d'autres pays non producteurs d'Afrique australe. Selon la presse d'Addis-Abeba, citée par l'agence de presse panafricaine Apanews, un milliardaire nigérian a récemment annoncé son intention d'investir 170 millions d'euros dans l'industrie du ciment en Ethiopie. Au niveau maghrébin, on annonce qu'un groupe marocain du secteur privé entend lancer à la fin de cette année la construction d'une cimenterie dans le centre du royaume chérifien d'un coût total de 2,4 milliards de dirhams marocains, soit 136 millions d'euros. Les Ciments du Golfe, société (SCG-Bénin) va lancer, quant à elle, un projet de construction d'une usine de production de ciment à vocation sous-régionale d'un coût de plus de 30 milliards de FCFA (45,6 millions d'euros). Au-delà du marché intérieur béninois qui a particulièrement ressenti la crise du ciment qui a fortement ébranlé bon nombre de pays africains en pleine mutation, l'usine à construire devrait pouvoir approvisionner les marchés voisins du Nigeria, du Niger et du Burkina Faso, la pénurie ayant été particulièrement forte dans ces deux derniers pays. Pour le cas de l'Algérie, les 12 cimenteries et celles privées arrivant à produire annuellement quelque 11,5 millions de tonnes sont loin de satisfaire la demande en constante progression. Aussi, Asec Cement, filiale d'Asec Algérie, qui est l'un des groupes industriels Holding créés par Citadel Capital, entend augmenter les capacités de production et construit actuellement deux grandes cimenteries dans les wilayas d'Oran et Djelfa. Cette dernière aura une capacité de production de 3 millions de tonnes par an, pour un coût global qui dépasse les 600 millions de dollars. Les contrats pour la réalisation du projet de Djelfa ont déjà été signés avec l'équipementier danois des cimenteries "FLSmidth", ainsi qu'avec les compagnies sœurs du groupe telles qu'"Asec Automation" pour le câblage électrique et "Asec Engineering" pour le pilotage du projet.