La crise financière, qui ébranle la scène internationale depuis des mois déjà, continue à alimenter le débat au niveau national. Abderrahmane Mebtoul, expert international et ancien conseiller au ministère de l'Industrie, puis à celui de l'Energie, est revenu à la charge pour contredire les arguments rassurant du ministre de l'Energie et des Mines, rendus publics hier, qui a exclu tout impact immédiat sur l'Algérie. S'inscrivant en porte-à-faux des thèses défendues par le membre du gouvernement, l'ex-conseiller ministériel, M. Mebtoul, vient de battre en brèche toutes ces thèses en faisant monter plusieurs hypothèses à cet effet. Dans la première hypothèse, Mebtoul suppose le prix du baril à 100 dollars, et "sous hypothèse d'un dollar stable à 1,35 pour un euro et sous hypothèse de l'appréciation du dollar de 10%. Le manque à gagner pour la chute d'un dollar, pondéré par l'appréciation du dollar de 10%, serait de 540 millions de dollars de manque à gagner. Pour une chute moyenne annuelle de 20 dollars, le manque à gagner global potentiel serait de 11 milliards de dollars. En cas de stabilisation du dollar à 1,35, le manque à gagner serait de 12 milliards de dollars". La deuxième hypothèse de cet expert algérien table sur un cours du baril à 80 dollars et une "appréciation de 15% du dollar. Le manque à gagner potentiel serait globalement de 20 milliards de dollars. En cas de stabilité du dollar au cours actuel, le manque à gagner serait de 24 milliards de dollars". La troisième hypothèse, "un cours du baril à 60 dollars et appréciation de 20% du dollar, cela donnerait un manque à gagner de 29 milliards de dollars par rapport aux prévisions de dépenses gouvernementales. En cas de stabilité du dollar le manque à gagner serait de 36 milliards de dollars". La quatrième hypothèse table sur un cours de 50 dollars le baril et une appréciation du dollar de 30%. Le manque à gagner serait, dans ce cas, de 30 milliards de dollars. En cas de stabilité du dollar, le manque à gagner serait de 42 milliards de dollars. En conclusion, les hydrocarbures représentent plus de 45% du PIB global, 98% des recettes en devises libellées en dollar (50% des importations se faisant en euros) et plus de 75% des recettes fiscales, l'impact de la crise financière mondiale malgré les réserves de change de 136 milliards de dollars soit moins de 90 milliards d'euros, dont plus de 60% sont placés à l'étranger ne pouvant en disposer immédiatement au risque d'une décote de plus de 30% de leur valeur, (montant dérisoire en comparaison des réserves de change des pays du Golfe, de la Chine plus de 2000 milliards de dollars fin 2008 grâce au travail et non à la rente), de l'Inde ou de l'injection du Plan américain de 700 milliards d'euros, du plan européen de 1800 milliards d'euros pour sauver les banques et garantir les dépôts des épargnants montrant que nous sommes un petit pays et, de surcroît, rentier. Par ailleurs, au vu des dépenses gouvernementales, un cours entre 50 et 60 dollars et supposant une maîtrise de l'inflation mondiale, ce qui n'est pas évident avec cette promesse d'injection de monnaie (car ce n'est pour l'instant qu'une promesse espérant que les crédits inter bancaires reprennent confiance) serait catastrophique pour l'économie algérienne si la crise perdure jusqu'à 2011.