La scène nationale est de plus en plus emballée par le débat sur la crise financière que traversent les principales places financières mondiales. Ainsi, après les assurances successives des autorités financières du pays, des voix continuent à s'élever pour contredire la vision officielle de l'Algérie vis-à-vis de la conjoncture actuelle. Ainsi, après l'économiste Mourad Benachenhou, qui a tiré la sonnette d'alarme sur les risques encourus par l'Algérie quant à cette asphyxie financière mondiale, c'est le docteur Abderahmane Mebtoul qui s'inscrira dans la même logique en expliquant à quel point l'Algérie est vulnérable face à cette situation. Dans une analyse qu'il a rendue publique hier, cet universitaire, expert économique, a battu en brèche les arguments fournis par le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, pour qui, l'Algérie est toujours à l'abri de toute éventuelle retombée négative de la conjoncture mondiale actuelle. Pour Mebtoul, la situation n'est pas aussi rassurante comme veulent le faire croire les autorités financières du pays. En effet, tout en admettant que " c'est une évidence de dire qu'avec les cours actuels du baril du pétrole, l'Algérie ne risque pas de souffrir de famine à court terme ". Mebtoul a mis en garde contre les risques auxquels sont exposées les réserves de change que le gouvernement a décidé d'investir sous forme de bons de Trésor américain. " Le taux d'intérêts des avoirs algériens placés dans des structures garanties par les Etats est d'environ 2% pour les bons de Trésor américain et environ 4% pour l'Europe en rappelant un principe bancaire fondamental, le taux d'intérêt ne pouvant être supérieur au taux directeur plafonné de la FED américaine (2%) et du taux BCE (4,5%) ", a rappelé M. Mebtoul dans son analyse. Dans le même sillage, l'économiste en question invite le gouvernement à fournir des précisions sur " le montant exact des dépôts nationaux dans des banques privées occidentales et d'expliquer si ces banques sont ou ne sont pas touchées par la banqueroute ". La vulnérabilité, tout compte fait, guette de plus en plus l'ensemble des économies à travers le monde. " La croissance mondiale devrait fortement chuter en 2009, selon la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement(Cnuced) qui prévoit un ralentissement prolongé de 2,9% en 2008 et entre 1 et 1,5% en 2009. L'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) table sur une croissance de 1,4%. Début septembre 2008, le FMI revoyait à la baisse ses prévisions de croissance mondiale, en tablant sur 3,9% pour 2008 et 3,7% pour 2009, qui sera certainement encore revue à la baisse ". En revanche, " pour éviter une crise majeure tant politique que socioéconomique, il faudra doubler le produit intérieur brut entre 2010/2012, en le faisant passer à quelque 260 milliards de dollars, avec une diminution des sections rentes. Le PIB 2006/2007 fluctue entre 120 et 130 milliards de dollars et il est paradoxal que ce niveau est égal niveau des réserves de change. Car, au moment où tous les dirigeants de la planète, y compris les pays émergents, dont la Chine, s'inquiètent pour la dépréciation de leurs réserves respectives, placées en bons de Trésor américain, nous assistons à une autosatisfaction [inhabituelle] de la part de nos dirigeants comme si les choses se passent sans nous, donc la crise ne nous concernait pas ", estime encore M. Abderahmane Mebtoul.