Il avait rêvé d'écrire ce roman depuis 1982. Il l'a fait mais a espéré en retour que son dernier-né, “ Ce que le jour doit à la nuit” soit sur les listes des principaux prix littéraires, décernés chaque année en France pendant la période de la rentrée littéraire coïncidant avec le mois de septembre. Pas de trophée pour Yasmina Khadra, l'un des auteurs algériens les plus lus et le plus traduit (plus de 30 langues). Lui qui nous a habitués à des récits assez courts, a fait un roman – fleuve où il raconte l'Algérie depuis 1930 à travers des personnages et des situations tragiques. Edité chez Julliard en France et chez Sedia en Algérie, “Ce que le jour doit à la nuit ” n'a pas glané un prix. Offensé sans doute, l'auteur de “Cousine K ” a dans un entretien publié lundi dernier au journal français Le parisien, dénoncé les “ aberrations parisianistes ” des institutions littéraires qui se sont, dit-il, “ liguées ” contre lui pour écarter son dernier roman des principaux prix. Un coup de gueule assez fort qui dit “ Toutes les institutions littéraires se sont liguées contre moi. Ca n'a pas de sens ces aberrations parisianistes!”, déclare le prolifique Yasmina Khadra. Paru le 25 août, “ Ce que le jour doit à la nuit ” a été publié il y a à peine une dizaine de jours aux éditions Sédia, dans sa collection “ Mosaïque ”, consacrée essentiellement aux ouvrages d'algériens vivant à l'étranger.Selon le sondage, ce dernier roman est l'un des rares récits français de la rentrée littéraire à avoir figuré parmi les meilleures ventes au cours des deux derniers mois. Ce qui n'a semble-t-il pas pesé pour que le livre soit mentionné dans une sélections quelconque des prix de l'automne. “ Les gens pensent que ça a été facile pour moi de devenir écrivain. Ils n'ont rien vu de mon parcours. J'ai été soldat à l'âge de 9 ans ”, clame-t-il, rappelant son itinéraire d'ancien militaire algérien, qui écrit sous un pseudonyme féminin. Dans, “ Ce que le jour doit à la nuit ”, Yasmina Khadra raconte les aventure de Younès un enfant aux yeux bleus dont le père, paysan ruiné par un spéculateur autochtone, perd ses terres ancestrales. Accablé, l'homme doit se résoudre à confier son enfant à son frère, un pharmacien parfaitement intégré à la communauté pied-noir d'une petite ville de l'Oranais. Le sacrifice est immense. En abandonnant son fils, l'homme perd du même coup le respect de lui-même. “ Jamais il n'aurait pensé qu'un jour l'ennemi aurait été aussi invisible. Au moins, dit-il, quand il risquait sa peau face aux intégristes, slalomant entre les horreurs de la guerre, ramassant ses.. ” écrit Le parisien. “ J'écrivais dans une langue qui n'est pas la mienne, avec ma singularité de bédouin. C'est la poésie de mes ancêtres qui lui donne cette teinte que certains me reprochent ”, explique-t-il, avant de fustiger ceux “ qui ne savent pas que la langue française peut tout dire, parler d'infinitude ”. “ Ce livre, je le porte en moi depuis 1982 ”, a confié le romancier algérien reconnu dans le monde entier, en parlant de son dernier roman “ disqualifié ” des listes des sélections, mais qui figure depuis 8 semaines dans les meilleures ventes de la rentée littéraire française. “ Dans Ce que le jour doit à la nuit ”, raconte “ une Algérie déchirée entre ses communautés de l'époque ” note encore Le parisien. “ Ce n'est pas seulement une histoire de l'Algérie coloniale, c'est aussi une réplique aux travaux de mon idole Albert Camus (qui) n'a jamais traité que de son Algérie à lui, son jouet enfant, de petit pied-noir. Il (Camus) n'est jamais allé de l'autre côté. C'est ce côté-là que j'ai raconté, celui des pieds -noirs, des racistes, des gens bien, l'Algérie dans sa globalité ”. “ Je ne pense pas écrire un livre meilleur que celui-là ”, dit l'auteur de son dernier livre. Yasmina Khadra a obtenu ces dernières années plusieurs distinctions en France et à l'étranger. Son précédent roman, “ L'attentat ”, a raflé le Prix des libraires en France, en 2006.