L'Iran, le Qatar et la Russie, gros producteurs de gaz, sont convenus mardi de former une "troïka" ayant pour objectif de dynamiser l'Assemblée des exportateurs de gaz, sans la transformer pour autant en organisation sur le modèle de l'Opep. Cette "troïka" sera un cadre pour discuter d'éventuels projets communs dans ce secteur. "Le dialogue tripartite peut être très utile pour l'ensemble du marché gazier", a affirmé le président du géant gazier russe Gazprom, Alexeï Miller. Le responsable, qui s'exprimait à Téhéran aux côtés des ministres iranien du Pétrole Gholam Hossein Nozari et qatari de l'Energie Abdallah ben Hamad Al-Attiyah, a ajouté qu'ils allaient se "rencontrer régulièrement dans le cadre de cette "troïka". La prochaine rencontre est prévue à Moscou d'ici "trois à quatre mois", selon M. Miller. Il a également fait remarquer que cette "troïka" devait s'inscrire dans le cadre du Forum des pays exportateurs de gaz qui existe depuis 2001. Ce Forum n'est pas comparable à l'Opep qui est doté de statuts et dont les décisions s'imposent à tous les membres. "Le dialogue tripartite peut être très utile pour l'ensemble du marché gazier et peut jouer le rôle de locomotive pour des pays exportateurs de gaz dans le cadre de l'assemblée des exportateurs de gaz", a dit le président de Gazprom. Dans l'immédiat, le "G3 du gaz" mènera des projets en commun, par l'intermédiaire d'une commission technique. Selon Gazprom, la Russie, l'Iran et le Qatar disposent de 60% des réserves mondiales de gaz. "Nous sommes unis par les plus grandes réserves mondiales de gaz, des intérêts stratégiques communs et, ce qui est de grande importance, un haut potentiel de projets de coopération", s'est félicité Alexeï Miller. Même s'il est bien dit que cette "troïka" n'a pas la prétention de se transformer en Opep du gaz, certain commentaires commence à suggérer que les trois pays espèrent à terme parvenir à mettre en place une nouvelle organisation, aux statuts comparables à ceux de l'Opep. La coopération entre la Russie, l'Iran et le Qatar dans le secteur gazier suscite la préoccupation des pays occidentaux, qui redoutent qu'elle ne débouche sur la création "d'une OPEP du gaz" et la formation d'un monopole du gaz naturel. D'ores et déjà, l'Europe et les Etats-Unis ont fait part de leur désapprobation vis-à-vis d'un tel regroupement. Selon eux, il pourrait mettre en danger la sécurité énergétique mondiale et donner lieu à des manipulations des prix. L'éventualité de la création d'une Opep du gaz entre l'Algérie, le Qatar, le Venezuela, l'Iran et la Russie avait déjà été évoquée, sans suite, au début 2007. En effet, de nombreux experts ont mis en doute la viabilité d'une organisation du gaz sur le modèle de celui du pétrole, dont l'objectif est de contribuer à moduler le prix du baril en jouant sur l'offre. Les contrats liant producteurs et consommateurs de gaz sont généralement à long terme, à cause du montant des investissements nécessaires pour l'acheminer. Le pétrole est virtuellement livrable d'un point du globe à l'autre, alors que le marché gazier est largement régionalisé. La Russie, l'Iran et le Qatar sont les trois premiers détenteurs de gaz avec environ 60% des réserves mondiales. Leur statut d'exportateurs sont pourtant bien distincts. La Russie est le premier fournisseur de gaz naturel et le Qatar vise la première place pour l'exportation de gaz naturel liquéfié. L'Iran en revanche est un importateur net de cet hydrocarbure, faute d'investissements et d'une forte croissance de la consommation interne.