L'idée de création d'une Opep du gaz ou Opeg commence à faire son chemin. C'est ainsi qu'après la création d'une troïka gazière, c'est l'Egypte qui met son grain de sel par la voix du Premier ministre, Ahmad Nazif, qui appelle les pays exportateurs de gaz à coordonner leurs efforts sur le marché mondial.Dans une interview accordée vendredi à l'agence de presse russe RIA Novosti, en prévision de sa visite à Moscou programmée pour le début de la semaine prochaine, M. Nazif a estimé que "la coordination des efforts entre les pays exportateurs de gaz est indispensable pour que l'ordre règne sur le marché mondial". M. Nazif a jugé "prématuré" de parler d'une "Opep du gaz" même si la Russie, le Qatar et l'Iran ont organisé plusieurs rencontres dans ce sens.Le Premier ministre égyptien s'est déclaré favorable à une extension de la coopération avec la Russie dans le domaine du gaz. "Nous souhaitons utiliser l'expérience russe dans la prospection de nouveaux gisements de gaz sur le territoire égyptien", a-t-il souligné.Selon M. Nazif, la coopération gazière entre les deux pays ne doit pas se borner à la prospection et à l'extraction d'hydrocarbures, elle doit également s'étendre à d'autres domaines tels que la pétrochimie.L'Egypte possède 1.890 milliards de mètres cubes de gaz en termes de réserves prouvées, et la longueur totale de ses gazoducs dépasse 16.000 km. C'est le sixième exportateur mondial de gaz qu'elle fournit par gazoducs et sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL).Pour rappel, l'Iran, le Qatar et la Russie, gros producteurs de gaz, ont convenu récemment de former une "troïka" ayant pour objectif de dynamiser l'Assemblée des exportateurs de gaz, sans la transformer pour autant en organisation sur le modèle de l'Opep.Cette "troïka" sera un cadre pour discuter d'éventuels projets communs dans ce secteur. Cette "troïka" devrait s'inscrire dans le cadre du Forum des pays exportateurs de gaz qui existe depuis 2001. Ce Forum n'est pas comparable à l'Opep qui est doté de statuts et dont les décisions s'imposent à tous les membres.La Russie, l'Iran et le Qatar disposent de 60% des réserves mondiales de gaz. Même s'il est bien dit que cette "troïka" n'a pas la prétention de se transformer en Opep du gaz, certains commentaires commencent à suggérer que les trois pays espèrent à terme parvenir à mettre en place une nouvelle organisation, aux statuts comparables à ceux de l'Opep. La coopération entre la Russie, l'Iran et le Qatar dans le secteur gazier suscite la préoccupation des pays occidentaux, qui redoutent qu'elle ne débouche sur la création "d'une Opep du gaz" et la formation d'un monopole du gaz naturel. D'ores et déjà, l'Europe et les Etats-Unis ont fait part de leur désapprobation vis-à-vis d'un tel regroupement. Selon eux, il pourrait mettre en danger la sécurité énergétique mondiale et donner lieu à des manipulations des prix. L'éventualité de la création d'une Opep du gaz entre l'Algérie, le Qatar, le Venezuela, l'Iran et la Russie avait déjà été évoquée, sans suite, au début 2007. En effet, de nombreux experts ont mis en doute la viabilité d'une organisation du gaz sur le modèle de celui du pétrole, dont l'objectif est de contribuer à moduler le prix du baril en jouant sur l'offre. Les contrats liant producteurs et consommateurs de gaz sont généralement à long terme, à cause du montant des investissements nécessaires pour l'acheminer. Le pétrole est virtuellement livrable d'un point du globe à l'autre, alors que le marché gazier est largement régionalisé.