Les efforts conjugués des principaux producteurs de gaz sont susceptibles d'apporter une contribution substantielle à la sécurité énergétique internationale. Moscou a confirmé cette position de principe pour répondre à la tentative de certains ténors aux USA et en Union européenne de donner une couleur politique à la " troïka du gaz ", formée par la Russie, l'Iran et le Qatar ayant pour objectif de concerter leur action sur le marché international. Ces trois pays producteurs de gaz sont loin d'être seuls à exporter ce produit et ils ont l'intention de concerter leur politique de prix, les opérations achats-ventes aussi bien que les projets de prospection, d'extraction, de transport et de mercatique du marché du gaz. Tout porte à croire selon les officiels russes que d'autres exportateurs mondiaux emboîteront le pas à la " troïka " lorsqu'ils se seront réunis à Moscou avant la fin du mois. En formant cette organisation d'exportateurs de gaz sur une base permanente, ces pays désirent protéger leurs intérêts à l'instar des consommateurs de fluides, y compris l'Union européenne. La nouvelle démarche des pays exportateurs non seulement ne rejette pas, mais, au contraire, elle se porte solidaire d'une coopération étroite avec les importateurs. C'est dans cette direction que la Russie a l'intention d'amplifier le dialogue énergétique avec ses partenaires étrangers, a fait remarquer en début de semaine, le vice-premier ministre Igor Setchine. " Dans la sphère énergétique, la politique du gouvernement russe est transparente. Nous la fondons sur les principes de la prévision, de la responsabilité, de la confiance tout en tenant compte de l'interdépendance des pays producteurs et des pays consommateurs. Notre stratégie entend assurer nos propres besoins en fluides et contribuer efficacement à une sécurité énergétique globale. Les partenaires commerciaux de la Russie ont positivement évalué le rôle de la grande " troïka du gaz ". C'est le cas de la compagnie énergétique française " Gaz de France-Suez " qui espère que le dialogue sera maintenu et les points de vue concorderont à long terme. Cependant, les fonctionnaires de l'Union européenne ne réagissent pas d'une manière univoque à la démarche conjointe des compagnies du gaz de la Russie, de l'Iran et du Qatar. Cette dernière a été prévisible. D'une part, chaque pays en Europe a ses propres intérêts nationaux. Par conséquent, considère le pétrole et le gaz russe comme une ressource sans laquelle ses propres sphères économique et sociale ne peuvent pas se développer avec stabilité, pense-t-on à Moscou. En même temps, les fonctionnaires de l'Union européenne qui se laissent souvent influencer par leurs partenaires d'outre-Atlantique, songent, affolés, à une " arme du pétrole " et au " chantage énergétique ". En réalité, la diffusion de ce genre de thèses remet au goût du jour les tentatives des partenaires outre-Atlantique de l'Union européenne la brouille avec la Russie, de créer des difficultés supplémentaires pour le vieux continent. Et se réserver de la sorte des avantages concurrentiels au détriment des producteurs européens. Voilà pourquoi, il est temps pour l'Europe de prendre sa propre position dans ces questions. A fortiori lorsque le marché financier mondial affecte de plus en plus le secteur économique et déstabilise les marchés énergétiques.